Le 8 mai n’est pas seulement l’anniversaire de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie. C’est également le jour de la naissance en 1962 d’un grand homme : Alain Bauer. Ancien grand maître du Grand Orient de France, il a conseillé Nicolas Sarkozy depuis 2003 sur les questions de sécurité. C’est notamment à lui que l’on doit l’installation de caméras de vidéosurveillance comme seule politique de sécurité. Soit un flicage des populations sans résultats puisque les effectifs de police ont diminué dans le même temps. Mais Alain Bauer est surtout un ami très proche de Manuel Valls, étant le parrain d’un de ses enfants…
Alain Bauer raconte volontiers que ses grands-parents ont fui les pogroms de l’Est (en Russie avant 1917) et que par sa mère, Monique Eisenberg, il est « indiscutablement juif » (Libération, 14 septembre 2000). Ambitieux et précoce, il se fera élire, à 19 ans, vice-président de l’université Paris I, ce qui lui permet de disposer dès lors d’une voiture avec chauffeur. Engagé avec Manuel Valls et Stéphane Fouks chez les Jeunes rocardiens, il sera bientôt considéré comme le n° 1 des négociations du « mouvement étudiant » et en tirera le surnom de « Pasqua de la Rocardie » (Valeurs actuelles, 12 décembre 1988).
Alain Bauer et Manuel Valls évoquent leurs liens le 11 avril 2009 sur Canal+ :
Parallèlement, le « grand manie-tout » est entré, avant même ses vingt ans, au Grand Orient de France (1981), dont il prendra la tête le 8 septembre 2000, faisant ainsi de lui le plus jeune Grand Maître du GODF. Il quittera son poste en 2003, ayant notamment obtenu que Jacques Chirac s’oppose à toute référence à l’« héritage chrétien de l’Europe » dans la Constitution européenne (Le Nouvel Observateur, 12 décembre 2002). Au début des années 1990, Alain Bauer a été brièvement vice-président Europe de la Science Application International Corporation (SAIC), la « vitrine des services spéciaux américains » (voir à ce propos l’excellent article du Réseau Voltaire) avant de créer sa propre société de conseil AB Associates (1994).
Fort de ses réseaux, notamment policiers, il devient, bien que venant de « la gauche », une des personnalités les plus en vue des milieux de la droite sarkozyste. Dès 2003, le ministre de l’Intérieur et patron de l’UMP nomme ce « maître de l’influence » (L’Express, 26 janvier 2011) président de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (jusqu’en 2013) après que Bauer l’eut averti que son nom figurait sur les fameux listings de l’affaire Clearstream. Pendant la campagne présidentielle de 2007, il a aidé le candidat à préparer ses émissions de télévision sur les questions de délinquance, de sécurité, de banlieues et de justice. Il a même organisé en son honneur un dîner réunissant les francs-maçons de la fraternelle huppée Dialogue et Démocratie française. Devenu président de la République, Nicolas Sarkozy le placera à tête de la Commission nationale de vidéosurveillance.
Membre du comité d’honneur de la LICRA, Alain Bauer, toujours là où il faut être, fut l’invité de l’association des amis du CRIF le 16 janvier dernier.
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