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Bernard Squarcini évoque des policiers français proches du Mossad

Pour L’Obs et l’actuel directeur de la DGSI, c’est impossible

Juste avant d’être présenté aux juges, Bernard Squarcini a tenté de s’expliquer. « Je suis parti contraint et forcé, a déclaré l’ex-patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). J’ai changé d’activité mais j’ai gardé un état d’esprit identique à celui qui m’accompagnait en ma qualité de haut fonctionnaire. » Un système de défense qui semble bien téméraire.

Mis en examen fin septembre pour une très longue liste de délits, dont « compromission » du secret de la défense nationale, violation du secret professionnel et « trafic d’influence », Squarcini est effectivement soupçonné d’avoir continué, après son départ en février 2013, à se comporter comme un chef du renseignement au mépris de la loi. Quatre autres personnes, dont un ancien magistrat, l’ancien patron de la PJ parisienne et un commissaire de la DGSI, sont poursuivis dans ce dossier.

Les juges cherchent à comprendre quels intérêts a cherché à défendre l’ancien espion. Ceux de l’État, comme il le prétend ? Ceux de ses amis, notamment Claude Guéant et Alexandre Djouhri, avec lesquels il n’a jamais rompu les liens ? Ceux de sa société d’intelligence économique, Kyrnos Conseil, dont le premier client est Bernard Arnault, patron de LVMH ? [...]

Bernard Squarcini a-t-il fait écouter un enquêteur pour se tenir informé des investigations sur un dossier corse ? L’affaire remonte au printemps 2011. Le service des Courses et jeux de la police judiciaire travaille alors sur le Wagram, cercle de jeu parisien tenu par des membres du grand banditisme corse... et dont l’une des employées est proche de Squarcini.

D’après nos informations, des documents déclassifiés au mois de juin dernier montrent que Franck A., l’un des policiers chargés du dossier, a été placé sur écoute le 16 juin 2011, soit quelques jours après une vague d’arrestations liées au cercle Wagram, pour des motifs intrigants. D’après les services de Squarcini, qui sont à l’origine de cette mise sur écoute, ce dernier était alors « sur le point de faire parvenir de façon imminente des documents sensibles » aux services secrets algériens. L’écoute dure cinq jours, puis elle est levée. Un laps de temps qui semble un peu court pour s’assurer de la bonne conduite d’un traître potentiel à la nation... « Nous avons affaire avec un fonctionnaire qui avait un passé défavorable dans son mode de fonctionnement. Il était logique de lever le doute concernant sa personne », s’est défendu Squarcini en garde à vue. Franck A., ex-fonctionnaire des RG, a en effet éveillé les soupçons des services en raison de ses liens avec des ressortissants étrangers au début des années 2000. Mais ces doutes ont été levés, une note de 2009 le prouve. Alors pourquoi l’écouter ? En raison de ses liens avec un groupe de policiers suspectés d’être proches du Mossad, lâche Squarcini.

Le vrai motif n’a pas été inscrit dans la demande d’interception, pour éviter qu’il ne fuite. Interrogé à ce sujet, l’actuel patron de la DGSI, Patrick Calvar, n’est pas allé dans le même sens que son prédécesseur. « Il est de règle de donner les motifs réels dans une demande d’interception », a-t-il assuré aux enquêteurs. Dans ce volet de l’affaire, Bernard Squarcini a été mis en examen pour « faux en écriture publique ».

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