Le 14 avril dernier, pour un tweet parodique, Beppe Grillo a déclenché une levée de boucliers en Italie.
Afin de critiquer les dérives du très pro-européen président du Conseil Matteo Renzi en particulier et de la classe politique italienne en général, le leader du Mouvement 5 étoiles a posté « Si c’est un pays » (« Se questo e un Paese »), reprenant à sa manière Si c’est un homme de Primo Levi.
Le tweet renvoie à son site Internet, où Grillo a publié une reprise du poème qui introduit le best-seller. Pour illustrer son propos : une photo détournée de l’entrée d’Auschwitz avec pour inscription « P2 macht frei » (« La P2 rend libre »), du nom de la fameuse loge du Grand Orient d’Italie, Propaganda Due.
Tristement célèbre en Italie, cette loge, officiellement dissoute en 1981 comme organisation criminelle, incarne dans l’opinion publique italienne les liens entre la mafia, le pouvoir politique et le terrorisme des années de plomb. Son nom est entré dans le vocabulaire courant pour désigner les pouvoirs occultes.
Déjà taxé de populiste, il n’en fallait pas moins pour que Grillo devienne « fasciste de caractère nazi ». C’est comme cela en effet que l’a défini le président du groupe Parti démocrate (équivalent local du PS) au Sénat, Luigi Zanda. Ce dernier ne faisant qu’emboîter le pas au président de l’Union des communautés juives d’Italie, Renzo Gattegna, qui a qualifié le tweet et le poème de Grillo de « profanation criminelle du souvenir de millions d’innocents » et d’ « obscénité que l’on ne peut passer sous silence ».
La mauvaise fois généralisée et le point Godwin systématique seront-ils un moyen de faire taire le clown qui fit élire 106 députés et 50 sénateurs l’an dernier ?
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