Le Young Urban Movement Project (YUMP), un dispositif lancé en Suède pour soutenir la création d’entreprises en banlieue, débarque en Seine-Saint-Denis. Objectif : accompagner les jeunes entrepreneurs dans la mise en place de leurs projets. Une initiative qui est la bienvenue dans un département où le taux de chômage frôle les 12 %.
Le YUMP a vu le jour en Suède en 2008. Impulsé par l’ambassade de Suède en France, le programme* partira à la recherche des talents de la Seine-Saint-Denis qui n’ont pas encore pu réaliser leur projet, faute de moyens.
L’objectif est d’aider les jeunes entrepreneurs qui ont entre 20 et 40 ans à créer leur entreprise. L’appel à candidatures aura lieu en mai et le recrutement en été. Le dispositif sera officiellement mis en place à partir du mois de septembre.
800 000 euros pour 6 entreprises Après sélection, une dizaine d’entrepreneurs suivra une formation et un coaching. Mais, au final, seules cinq ou six entreprises seront suivies de manière plus pérenne durant cinq ans. Des professionnels se mettront à leur disposition pour leur apporter tous les outils nécessaires à la création de leur société.
Pour mener à bien ce projet, le YUMP a prévu un budget de 800 000 euros. De nombreuses organisations soutiennent le programme. C’est le cas de la région Île-de-France, de l’ambassade de Suède, de l’American Chamber of Commerce en France ou encore de la Fondation Luc Besson.
L’échec de la politique d’intégration en France ?
Si ce genre de programme réjouit, l’intervention de pays étrangers pose question. Que fait l’État français pour que d’autres pays soient contraints d’intervenir dans des banlieues à la dérive ? Ces zones semblent livrées à elles-mêmes.
La Seine-Saint-Denis, département où 66 % de la population a moins de 45 ans et où le taux de chômage est le plus élevé en France, est un exemple parlant. La population issue majoritairement de l’immigration et qui compte le plus de musulmans n’intéressent pas les politiques. Comme le souligne le politologue Gilles Kepel, dans son ouvrage Banlieues de la République, la politique d’intégration de cette population a été un échec.
Ces dispositifs proposés par des pays étrangers constituent ainsi une seconde chance pour les jeunes en difficulté. Toutefois, ils peinent parfois à voir le jour. Ainsi, l’ambassadeur du Qatar à Paris, Mohamed al-Kuwari, avait annoncé la création d’un fonds d’investissement de 50 millions d’euros à destination des entrepreneurs en banlieue. Mais ce projet n’a encore pas vu le jour, le Qatar préférant attendre la fin de l’élection présidentielle française.
Les États-Unis, eux, ne se sont pas fait attendre. Depuis 2009, l’ambassade américaine noue des relations privilégiées avec les banlieues françaises. Différents programmes ont été mis en place comme le Programme « Visiteur international », qui permet à des jeunes issus de la diversité de fouler le sol américain. Il concerne moins d’une dizaine de personnes par an.
Un impact sans doute faible numériquement tout comme le programme du YUMP, qui ne devrait toucher qu’une demi-douzaine de jeunes entrepreneurs. Mais un impact politique fort pour des personnes issues des banlieues qui se sentent un peu comme les oubliés de la République, qui, malgré leurs diplômes, leur expérience et leur bagout, ne trouvent pas de place dans les fonctions électives de la cité ou dans les hautes sphères de l’entreprise.
Emplois d’avenir et alternance
C’est donc bel et bien au futur président de la République – et non aux initiatives étrangères – qu’il revient de mener une vraie politique sociale et d’insertion des jeunes de banlieues pour qu’ils s’en sortent.
François Hollande et Nicolas Sarkozy ont dégainé leurs propositions. François Hollande mise sur la création de 150 000 emplois d’avenir en priorité dans les quartiers populaires et sur la mise en place d’une clause d’insertion professionnelle dans les contrats publics pour faciliter l’embauche des jeunes des quartiers.
Quant à Nicolas Sarkozy, il compte « donner plus d’autonomie aux établissements, notamment dans le recrutement des enseignants » dans les établissements difficiles et mise toujours sur les internats d’excellence, qui touchent aujourd’hui 20 000 jeunes de banlieue. Il mise également sur l’alternance avec un objectif de 800 000 jeunes formés.
Reste à voir si ces propositions auront un impact sur les jeunes de banlieues. Affaire à suivre…