Après quelques cafouillages de calendrier, Valérie Amos, secrétaire général adjoint de l’ONU et en charge des questions humanitaires, est donc arrivée à Damas mercredi 7 mars.
Elle a pu s’entretenir avec le ministre syrien des Affaires étrangères Walid al-Mouallem : un reportage montre le Syrien jovial et l’onusienne plus pincée mais, diplomatiquement, Valérie Amos, qui s’était plaint quelques jours plus tôt de l’obstruction du gouvernement syrien, l’a cette fois remercié de son accueil, affirmant qu’elle avait pour unique mission d’ »évaluer » la situation humanitaire en Syrie et notamment à Homs. De son côté, al-Mouallem l’a assurée qu’elle « pourrait se rendre là où elle voudrait« .
L’ONU est entrée à Bab Amr
Le prenant au mot, la responsable des opérations humanitaires de l’ONU s’est rendu ensuite à Bab Amr avec une équipe de fonctionnaires de l’ONU. L’équipe, dûment casquée de bleu, a pu constater les dégâts, la porte-parole de Valérie Amos décrivant le quartier comme « totalement dévasté » : après trois semaines de très violents combats, le contraire eut été étonnant. Dans sa visite, l’envoyée de l’ONU était accompagnée d’une délégation du Croissant Rouge syrien.
Les membres de la mission Amos n’ont pas été autorisés, cependant, à visiter d’autres quartiers, pour des « raisons de sécurité« , et ils disent avoir entendu des tirs : il y a certainement encore quelques petits groupes isolés qui font le coup de feu, et qui tiennent à signaler leur présence à une délégation onusienne.
Les opposants ont expliqué le blocage de l’aide humanitaire aux portes de Bab Amr par le souci qu’aurait le gouvernement d’effacer au maximum les traces de ses « crimes« . Mais de leur côté les journaux syriens annoncent la découverte dans ce quartier de plusieurs corps de combattants étrangers, dont un Européen.
Mais Valérie Amos n’est pas la seule personnalité internationale à faire le chemin de Damas ces jours-ci : mardi, c’est l’émissaire spécial chinois pour la Syrie, Li Huaxin, qui était reçu par Walid al-Mouallem pour présenter le plan de sortie de crise en six points concocté par son gouvernement et contenu dans un message du chef de la diplomatie chinoise, Yang Jiechi. Le premier point concernant logiquement l’arrêt des violences « des deux côtés » et non de la part du seul gouvernement syrien comme les médias français ont tendance à présenter la chose.
L’autre élément essentiel du plan étant, sans surprise, l’ouverture d’un dialogue politique concret dans le pays. Sinon, l’envoyé de Pékin a rappelé devant son hôte l’opposition résolue de la Chine à toute ingérence étrangère en Syrie : « C’est le peuple syrien seul qui est capable de résoudre la crise » a entre autres choses déclaré Li Huaxin. Pour le reste, on peut toujours se reporter à la déclaration officielle chinoise rendant compte de la réunion : « Le gouvernement syrien a répondu positivement à notre proposition en six points. Il nous a dit qu’il était prêt à coopérer avec les agences de l’ONU dans le domaine humanitaire dès lors que la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie sont respectés« .
Il n’est pas inutile de noter que, dans le même temps, le gouvernement chinois discute avec d’autres pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU d’un nouveau projet de résolution présenté par les Etats-Unis, et portant sur l’obligation pour Damas d’accepter l’entrée de missions humanitaires sur son territoire.
Mais Moscou a d’ores et déjà fait savoir que le dit projet ne lui paraissait pas « équilibré« . A propos de Moscou et puisque la Syrie demeure au coeur d’un intense ballet diplomatique, rappelons que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se rendra samedi au Caire pour y rencontrer ses collègues de la Ligue arabe.
Mais Lavrov ne devrait pas leur tenir un langage très différent de celui qu’il a tenu mardi, par communiqué interposé, avertissant qu’après l’élection de Poutine les Occidentaux ne devaient pas s’attendre à un changement de ligne de la Russie sur la Syrie. Lavrov a toutefois déclaré que la rencontre du Caire pourrait être une « importante opportunité de faire une analyse approfondie de la situation » et d’ »apporter d’intéressantes idées qui pourront ensuite être mises en avant dans un contexte international plus large ».
On verra, mais on est à peu près certain que cette « analyse approfondie » et ces « intéressantes idées » ne seront certainement pas les mêmes que celles des Etats-Unis et du Qatar.