Bien sûr, les médias sont sans doute un peu sévères, mais l’accumulation des incidents donne l’image assez désastreuse d’un gouvernement d’amateurs, comme même Libération l’a indiqué. La question qui commence à se poser est de savoir si Ayrault pourra rester longtemps à Matignon.
Couac, couac, couac
On peut faire deux lectures de l’incident relatif aux déclarations du Premier Ministre sur les 35 heures. Si on donne la parole à la défense, on peut dire que la réponse de Jean-Marc Ayrault au lecteur du Parisien était générale et qu’il n’indiquait pas explicitement qu’il souhaitait ouvrir un débat sur le temps de travail, que le système médiatique s’est emballé et a fait énormément de mousse pour pas grand chose et que du coup, le reste de l’interview est totalement passée à l’as, injustement.
Mais de l’autre côté, le système étant ce qu’il est, il était quand même possible d’anticiper une telle réaction et Matignon a raté l’opportunité de la relecture pour bien préciser sa pensée, et ainsi éviter une énième polémique stérile. Et cela est d’autant plus dommageable pour le gouvernement que ce n’est pas la première fois (on se souvient de la polémique sur la dépénalisation du cannabis, lancée par Vincent Peillon). On pourrait même dire que la situation se déteriore dangereusement.
En effet, il y a quelques jours, le gouvernement a admis que le projet de loi sur le logement de Cécile Duflot ne pourrait pas passer le cap du Conseil Constitutionnel, du fait de négligences procédurales que Matignon aurait sous-estimé selon le Canard Enchaîné. Dommage pour le premier texte de la rentrée. Ensuite, cela a été le tour du texte ubuesque de Delphine Batho sur les tarifs de l’électricité d’être torpillé au Sénat, par une alliance improbable entre le Front de Gauche et l’UMP !
Un gouvernement à bout de souffle
Sur le fond d’une conjoncture économique très mauvaise, avec l’augmentation du nombre de chômeurs de 47 000 sur le seul mois de septembre, tout ceci fait mauvais effet. En outre, si le gouvernement essaie de toujours se mettre du côté des victimes des délocalisations, le compassionnel a des limites. Chaque jour, ou presque, charrie la nouvelle d’une nouvelle fermeture d’usine. Et les moulinets du gouvernement sur l’usine PSA ou Florange restent sans effet.
Du coup, dans cette tourmente économique (à laquelle il n’apporte pas la bonne réponse), il serait essentiel que le gouvernement affiche un grand professionnalisme dans sa communication pour donner l’impression qu’il y a un capitaine à bord, qu’il sait où il va, l’explique bien et que l’équipe aux commandes est à la hauteur. Là, le gouvernement Ayrault donne l’impression d’être balotté par les évènements, de réagir un peu vite tout en se sachant pas totalement dans quel sens il va.
Cette impression n’est pas nouvelle. Elle rappelle le cas du gouvernement Cresson en 1991, remanié un an après suite à l’échec aux élections régionales. On pourrait également faire le parallèle avec les débuts très chaotiques du gouvernement Juppé en 1995, le départ d’Alain Madelin, le tournant de la rigueur, puis le remaniement de novembre 1995. Bref, tout ceci semble déjà indiquer que François Hollande va avoir besoin de relancer son gouvernement pour cesser cette descente aux enfers.
Changement de Premier Ministre ? Remaniement ? Le problème est que l’utilisation aussi rapide de ces cartes reviendrait à accréditer quelque part une erreur de jugement et un président n’a pas 36 jokers dans sa manche. Néanmoins, faut-il persister dans l’erreur ou chercher à en sortir ?