Manuel Valls a-t-il raison de vouloir interdire les spectacles de Dieudonné ?
Bernard-Henri Lévy : Bien entendu. Je ne comprends même pas le débat. Ce que vous appelez les spectacles de Dieudonné ne sont pas des spectacles, mais des meetings. Et on prêche, dans ces meetings, le négationnisme, la haine des juifs, l’apologie du crime contre l’humanité – toutes choses que la loi républicaine condamne. Il y a un moment où, face à ça, face à ces bras d’honneur répétés à la République, il est du devoir de la parole publique de dire stop. Valls l’a fait, Valls a eu raison. C’est bien.
[...] Certains sportifs comme Anelka ou Parker ont effectué la fameuse quenelle en indiquant qu’il s’agissait à leurs yeux d’un geste antisystème. Ne faut-il pas leur accorder le bénéfice du doute ?
Tony Parker, bien sûr : l’histoire date d’il y a cinq ans et il s’en est expliqué. Mais Anelka, c’est autre chose. Il sait qu’il exprime ainsi son soutien à un agitateur dont le programme se résume à mettre sa quenelle (sic) « dans le fion du sionisme ». Il sait que « antisystème », chez lui comme chez son complice Alain Soral (NDLR : essayiste), veut dire « les juifs maîtres du monde ». Et il sait qu’en soutenant cela il promeut les clichés antisémites les plus éculés mais, aussi, les plus inflammables. La Fédération de football anglaise n’a, là non plus, guère le choix. Ou bien elle sanctionne durement le milliardaire « antisystème ». Ou bien on verra, comme dans les années 2000, une épidémie de gestes et de slogans nazis dans les stades de foot anglais.
[...] Il faut arrêter cette spirale de la haine. Il faut, au-delà des « spectacles », interpeller les hébergeurs des sites de Dieudonné et de Soral. Et il faut, puisque tout cela est aussi un petit commerce juteux, avec marques déposées, querelles minables entre ayants droit, taper ces gens au portefeuille.
Lire l’intégralité de l’article sur leparisien.fr