Je vais me faire l’avocat du Diable mais il faut bien comprendre que les américains ne pensent pas comme des européens... et pas du tout comme des Français. Un système de santé tel que le nôtre est selon leurs critères un système "communiste", non seulement irrationnel sur le plan économique (payer pour les soins de ceux qui ne cotisent pas ???) mais en outre immoral sur le plan moral (calvinisme culturel).
Les américains chérissent plus que tout la liberté individuelle et l’émancipation de toute forme de tutelle, en particulier gouvernementale (pour des raisons historiques), ce qui implique en contrepartie un système basé sur l’autonomie économique (donc un niveau d’imposition peu élevé) et la responsabilisation des individus, qui conditionnent le mythe de l’héroïsme individuel, soit le "rêve américain" dans sa version la plus galvaudée.
Les quelques hurluberlus qui donnent en exemple la sécu à la française, se font cracher à la gueule et traiter de "socialistes", insulte suprême qui équivaut chez nous à se faire traiter de nazi.
Malgré la violence de la crise économique actuelle, dont toutes les conséquences accusent pourtant les politiques de dérégulation néolibérale sauvages qui ont été conduites un peu partout, et pourtant plongés eux-mêmes dans la spirale financière de la dette, une majorité d’américains reste persuadée que les racines profondes du "mal" (la religiosité protestante qui infuse encore toute la société américaine distingue dans tous les domaines le "bien" du "mal") sont à rechercher non pas dans le marché ouvert (paré de toutes les vertus, même si de fait l’économie US est sous paravent protectionniste) et dans le libéralisme, mais, au contraire, dans le collectivisme, le "nanny state" totalitaire, l’assistanat (les chômeurs), et les pauvres (la pauvreté est avant tout le révélateur économique d’une tare morale).
Même l’endettement individuel et le crédit y sont considérés comme des valeurs positives, en tant qu’ils impliquent un état d’esprit positif, capitalisant sur l’avenir. La crise des subprimes, à leurs yeux, n’a pas été causée par les banques, ni même par le déclassement économique des classes moyennes, mais par le gouvernement qui a forcé les banques à financer l’accès des pauvres à la propriété !
Voilà, ça c’est le "bien" pour les américains ; le contraire, c’est le mal, c’est l’Europe, c’est le "socialisme" honni.
Tous les américains, certes, ne pensent pas comme ça, mais ça reste le consensus largement admis...
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