Je l’avais pressenti, subodoré et je n’ai cessé de l’écrire tellement les choses me paraissaient claires : la catastrophe est arrivée.
Pour la France et pour la gauche, c’est un deuil. On ne va plus savoir qui l’on croise dans la rue après avoir entendu tant de voix exprimer leur désir de purifier la France.
On ne m’en voudra pas de rappeler que nous avons écrit sur le sujet au moins deux livres et sous ma signature une centaine d’éditos, avec le même thème : "attention ils arrivent !".
Eh bien ils sont arrivés, pendant que les plus brillants d’entre nous dissertaient à perte de vue sur l’Europe et sur les défauts de François Hollande. Ha ! Pour ce dernier, il n’a pas été vaincu… il a été assassiné !
Mona Ozouf nous dit que personne n’a été aussi calomnié que Jules Ferry. Je l’en ai louée, mais voici qu’elle a tort : il n’y a pas eu une seule ligne pendant quelques mois qui n’ait ressemblé à une flèche et qui n’ait produit le résultat d’une balle.
Pour ma part, je me sens malheureux. Tous les mauvais souvenirs, toutes les alertes que j’ai connues pendant tant d’années, il me semble les réentendre et les revoir. Une partie de notre pays n’aime pas l’autre, et elle suggère, quand elle n’affirme pas, que ce sont les étrangers qui nous séparent.