On dit souvent : « Rien de nouveau sous le soleil... » Les dirigeants juifs qui font de la surenchère vis-à-vis de la menace « antisémite » afin d’inciter les juifs à immigrer en Israël, bien entendu, ça ne date pas d’hier. Que de telles paroles jaillissent directement après ce qui semble être une attaque sous faux drapeau commanditée par les sionistes contre leurs coreligionnaires juifs, cela ne date pas non plus d’hier.
« À tous les juifs de France, tous les juifs d’Europe, je voudrais dire qu’Israël n’est pas seulement la direction vers laquelle vous priez, l’État d’Israël est votre maison », a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahou le week-end suivant les attaques à Paris.
Netanyahou est certainement à jour sur son histoire juive, mais pour ceux d’entre nous qui ne sont pas aussi informés, voici un petit rappel.
Entre 1950 et 1951, la ville de Bagdad fut frappée par une série d’explosions ayant pour cible les juifs irakiens. Les attaques ont causé des dégâts matériels, des blessés, et des morts, semant la panique au sein de la population juive. À l’époque, ces attentats à la bombe étaient imputés aux nationalistes arabes, semant la peur de l’antisémitisme et donnant naissance au désir des juifs d’immigrer en Israël – qui bien sûr, exactement au même moment, était en train d’expulser les Palestiniens en vue d’accroître sa population juive.
- À gauche : l’agent sioniste irakien Naeim Giladi, vers 1947. À droite, les juifs irakiens arrivant en Israël en 1951.
Ce qui suit est une chronologie des événements à Bagdad, extraite d’un livre écrit et publié dans les années quatre-vingt-dix par un juif irakien nommé Naeim Giladi. J’en dirai davantage plus bas sur Giladi ; mais pour le moment, venons-en à la chronologie telle qu’il nous la présente :
« Six mois plus tard – la date exacte est le 19 mars 1950 – une bombe a explosé à l’American Cultural Center and Library (Centre culturel et bibliothèque américaine) à Bagdad, provoquant des dégâts matériels et blessant de nombreuses personnes. Le centre était un lieu de rendez-vous privilégié des jeunes juifs.
La première explosion visant directement des juifs s’est produite le 8 avril 1950, à 9 h 15. Une grenade, jetée d’une voiture transportant trois jeunes passagers, toucha le café Ed Dar el-Beida de Bagdad, où les juifs fêtaient Pessah (la Pâque juive). Quatre personnes ont été grièvement blessées. Cette nuit-là, des tracts invitant les juifs à quitter l’Irak furent distribués.
Le jour suivant, de nombreux juifs, la plupart pauvres et n’ayant plus rien à perdre, ont pris d’assaut les bureaux d’émigration pour renoncer à leur citoyenneté et demander la permission d’aller en Israël. Il y eut tellement de demandes que la police dut ouvrir des bureaux dans les écoles juives et les synagogues.
Le 10 mai, à 3 heures du matin, une grenade est lancée depuis une voiture allant à toute allure dans le quartier El-Batawin de Bagdad, où vivent la plupart des juifs riches et de la classe moyenne irakienne. Aucun blessé, mais peu après l’explosion, des militants sionistes envoient des télégrammes vers Israël pour demander à ce que le quota d’immigrants venant d’Irak augmente.
Le 5 juin, à 2 h 30 du matin, une bombe explose près du bâtiment Stanley Shashua, tenu par des juifs, sur la rue el-Rachid, causant des dégâts matériels mais aucune victime.
Le 14 janvier 1951, à 19 heures, une grenade est lancée sur un groupe de juifs devant la synagogue Mazouta Shem-Tov. L’explosif décroche un câble à haute tension, électrocutant trois juifs, un jeune garçon, Itzhak Elmacher, et blessant plus de trente autres personnes. Suite à cette attaque, l’exode des juifs bondit de 600 à 700 personnes par jour.
Les propagandistes sionistes maintiennent toujours que les bombes en Irak ont été posées par des Irakiens antijuifs qui voulaient chasser les juifs de leur pays. La terrible vérité est que les grenades qui ont tué et mutilé des juifs irakiens, et endommagé leurs propriétés, ont été lancées par des juifs sionistes. »
Les paragraphes ci-dessus proviennent du livre de Giladi, Ben Gourion’s Scandals : How the Haganah and the Mossad Eliminated Jews [1], publié pour la première fois en 1992. Un extrait du livre est disponible ici, et contient des informations à propos des attentats à la bombe de Bagdad, ainsi que bon nombre d’autres choses intéressantes, dont la propre immigration de Giladi en Palestine, et ce à quoi il a assisté. Vous remarquerez, dans la chronologie, sa référence aux tracts distribués le jour même des attentats du 8 avril. On pouvait en partie lire dans ce tract :
« Appel aux juifs : à toute la tribu de Sion vivant à Babylone. »
Et la suite incitait à l’exode d’Irak :
« Pour la deuxième fois dans l’histoire de la diaspora, nous avons l’occasion de partir. Nous vous recommandons de partir rapidement. Aujourd’hui, les juifs sont entrés dans une nouvelle ère de l’histoire de la diaspora. »
Giladi est né en 1929, et il devint un sioniste engagé vers la fin de son adolescence. Plus tard dans sa vie, il désavoua le sionisme, renonça à la citoyenneté israélienne, et déménagea aux États-Unis. Son revirement commença quand, en tant que jeune immigré juif, peu après son arrivée en Israël, il se trouva confronté au « racisme institutionnel », autant envers les Palestiniens que les Arabes ou les juifs mizrahim.
« L’intérêt principal qu’avait Israël vis-à-vis des juifs des pays islamiques était d’avoir une réserve de main-d’œuvre pas chère, surtout pour les travaux agricoles indignes des juifs urbanisés d’Europe de l’Est. Ben Gourion avait besoin des juifs “d’Orient” pour cultiver les milliers d’hectares de terrains laissés par les Palestiniens chassés par les forces israéliennes en 1948. »
À l’époque, au début des années cinquante, Israël était en train de nettoyer ethniquement la zone d’Ashkelon, forçant les Palestiniens vivant là-bas à se réfugier dans la bande de Gaza. Les fermes étaient effectivement réquisitionnées, et donc, oui, il y eut un besoin de main-d’œuvre à bas coût, et les juifs d’Irak en furent une bonne source. Et afin de s’assurer que les nouveaux arrivants étaient entièrement dépendants de leurs revenus d’ouvriers, Israël fit en sorte de les forcer, pour la plupart, à abandonner leurs maisons et leurs biens en Irak. D’après Giladi :
« (…) le pantin pro-sioniste, pro-anglais el-Saïd [Nouri el-Saïd, le premier ministre Irakien] fit en sorte que tous leurs avoirs soient gelés, dont leurs liquidités en espèces. (Il y avait des moyens de faire sortir des dinars irakiens, mais quand les immigrés partirent les changer en Israël, ils découvrirent que le gouvernement israélien faisait un prélèvement de 50 %.) Même les juifs irakiens n’ayant pas fait une demande d’émigration, mais se trouvant être en Israël à ce moment-là, perdaient leur nationalité s’ils ne rentraient pas avant une certaine date. Une communauté ancienne, cultivée et prospère s’est faite déraciner et son peuple fut réimplanté sur une terre dominée par les juifs d’Europe de l’Est, dont la culture ne leur était pas seulement étrangère, mais entièrement hostile. »
Giladi est décédé en 2010, mais ses conclusions – notamment celles selon lesquelles les attentats à la bombe de Bagdad ont été perpétrés par des juifs sionistes – sont partagées par bon nombre d’historiens modernes et d’écrivains, dont Uri Avnery, qui écrit : « Après la divulgation de l’affaire Lavon… l’affaire de Bagdad est devenue plus plausible. »
La lecture de l’agent de la CIA, Wilbur Crane Eveland, est peut-être plus intéressante encore :
« Dans ses efforts pour dépeindre les Irakiens comme étant anti-Américains et dans le but de terroriser les juifs, les sionistes ont posé des bombes dans la bibliothèque de l’US Information Service et dans des synagogues. Peu après, des tracts ont commencé à apparaître pour inciter les juifs à fuir vers Israël.
Bien que la police irakienne ait fourni à notre ambassade des preuves démontrant que les attentats à la bombe dans la synagogue et la bibliothèque, ainsi que les tracts de campagnes antijuives et anti-américaines, étaient le fruit du travail d’une organisation sioniste cachée, la majeure partie du monde crut les rapports tendant à démontrer que c’était le terrorisme arabe qui avait motivé les juifs irakiens à s’enfuir, “secourus” ensuite par les sionistes, pour en réalité grossir les rangs de la population juive. »
La citation de Giladi ci-dessus est tirée des mémoires d’Eveland, Ropes of Sand : America’s Failure in the Middle East [2], publié en 1980.
Un tribunal irakien jugea par la suite vingt personnes, toutes membres de l’organisation sioniste irakienne secrète, coupables d’avoir mené à bien les attentats à la bombe. Deux personnes furent condamnées à mort, et les autres condamnées à de longues peines de prison. Mais à ce moment-là, la population juive d’Irak avait considérablement baissé. Giladi dit que 125 000 juifs irakiens avaient fini par immigrer en Palestine, ne laissant plus que 6 000 juifs en Irak. Cela aurait également eu pour conséquence une rupture au sein même de la famille de Giladi ; tandis que lui immigrait, ses parents, dit-il, bien que n’étant pas dupes de ces attaques sous faux drapeau, sont restés en Irak.
Tandis que de nombreux analystes compétents ont conclu que les attaques récentes à Paris étaient le fruit d’une opération sous faux drapeau, menée fort probablement par Israël, d’autres ont exprimé leurs doutes sur le sujet. Les opérations sous faux drapeau israéliennes sont bien évidemment documentées, mais des limites sur le fait de cibler les juifs sont sûrement fixées – cela semble être leur raisonnement. Les événements de Bagdad il y a 65 ans, cependant, semblent réfuter cette notion. Si une chose est collectivement « bonne pour les juifs » dans leur ensemble, alors elle peut apparemment être justifiée, même si cela doit être provoqué au détriment de certains juifs à titre individuel – ce qui semble être la réflexion de certains juifs ou de certains dirigeants juifs. Peut-être, cependant, cela ne devrait-il pas être étonnant...
Les paroles de Caïphe, le Grand-Prêtre du temps de Jésus, me reviennent à l’esprit :
« Vous n’y entendez rien, et ne songez pas qu’il vous est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple, plutôt que toute la nation ne périsse [3]. »
Je recommande fortement l’extrait du livre de Giladi dans son entièreté, si vous avez le temps, car c’est une lecture fascinante. Vous pouvez également cliquer ici pour voir une vidéo de l’auteur enregistrée en 1994.
Pendant ce temps-là, les représentant israéliens continuent de pousser les juifs français à faire leur « Aliyah ».
« En raison de la situation impossible de la sécurité [des juifs français], Israël a une responsabilité à allouer toutes les ressources nécessaires pour faciliter l’Aliyah et l’intégration des juifs de France », a déclaré Yoni Chetboun, membre de la Knesset.
D’autres représentants israéliens se sont exprimés :
« Votre place, juifs de France, est avec nous », a déclaré le rabbin Eli Ben-Dahan, ministre des Affaires religieuses, lors du rassemblement du parti Le Foyer Juif.
« Nous sommes tous choqués par la récente vague d’attaques antisémites en France, a déclaré Motti Yegev, membre de la Knesset. Nous faisons appel à tous nos frères juifs en France : venez faire l’Aliyah en Israël ! C’est votre foyer – notre foyer. »
Un autre politicien, Yaïr Lapid, a fait des pieds et des mains pour tirer la sonnette d’alarme :
« Je ne veux pas parler en termes d’Holocauste, mais… dit-il, la communauté juive d’Europe doit comprendre qu’il n’y a qu’un seul endroit pour les juifs, et cet endroit est l’État d’Israël. »
Tout ça a évidemment fait effet. Le dirigeant de la Synagogue de Paris prédit qu’entre 14 000 et 15 000 juifs Français émigreront en Israël en 2015, et il y en a déjà eu des centaines qui ont en effet visité un « Salon de l’Aliyah », tenu dimanche dernier.
- Des juifs français assistant à un « Salon de l’Aliyah » à Paris, dimanche 11 janvier – soit deux jours après l’attaque contre un supermarché casher. Une série de salons comme celui-ci sont organisés pour encourager l’immigration juive vers Israël.
La tenue d’un « Salon de l’Aliyah » seulement deux jours après une attaque sur un supermarché casher, n’est-elle pas équivalente, ou comparable à l’affaire des tracts imprimés par les milieux sionistes cachés à Bagdad il y a 65 ans, comme écrit plus haut ?
Y a-t-il quelque chose de nouveau sous le soleil ?
D’autres salons de l’Aliyah sont programmés cette semaine à Marseille et à Lyon, et d’autres sont prévus en février et mars. On dit que l’organisation de tels événements fait partie d’une nouvelle politique israélienne – supervisée par le ministère de l’Immigration et de l’Intégration – appelée « France First » (la France en premier). Les répercussions d’une telle politique sont quelque peu alarmantes. Si la France est en « premier », alors qui est le suivant ? Est-ce que d’autres attaques similaires à celles de la semaine dernière vont éclater dans d’autres pays à forte population juive ?
Rien n’indique que Netanyahou soit passé par ce salon à Paris dimanche dernier, bien qu’il fût en ville pour participer à l’immense marche contre le terrorisme – bien entendu, malgré le fait que le gouvernement français lui a expressément demandé de ne pas venir. Mais il y a bien une personne qui s’est arrêtée au salon de l’Aliyah, c’était Natan Sharansky, président de l’Agence juive, qui a accompagné le Premier ministre de Paris en Israël.
Dans ses propos, Sharansky a rassuré les émigrants potentiels :
« L’Agence Juive embrasse la communauté juive française en cette période difficile, et donne son soutien total en assurant la sécurité physique des communautés juives partout en France, et en étendant son assistance à chaque individu qui souhaite émigrer en Israël, et en travaillant pour faciliter l’intégration des immigrants dans la population active et la société israélienne. »
Traduction : ne vous inquiétez pas, ce seront les États-Unis qui paieront la note.
Les appels à l’immigration juive aujourd’hui sont, bien entendu, motivés par des besoins différents de ceux d’il y a 65 ans. Récemment, le Bureau central des statistiques palestinien a publié des chiffres démontrant que le nombre de Palestiniens, à travers la Palestine historique, va dépasser la population israélienne d’ici 2020. Les chiffres ont été contestés par les universitaires israéliens, qui insistent sur le fait que les statistiques palestiniennes soient faussées, bien que la « menace démographique » soit une préoccupation constante des sionistes.
Mais l’incitation à la relance de l’immigration juive n’aurait probablement pas été, ni la raison première, ni le seul souci derrière l’exécution des attentats à Paris – en supposant que ce soit bien un attentat sous faux drapeau. D’autres écrivains ont suggéré que de nombreux autres motifs, dont la vengeance contre le soutien de la France à la reconnaissance d’un État palestinien aux Nations unies. (On pourrait se demander si la politique israélienne « France First » a été adoptée avant, ou après le vote des Nations unies...).
Ce qui est clair, bien entendu, c’est que les organisations terroristes et les armées terroristes sont soutenues par certaines des nations les plus puissantes au monde, et que ces forces sont mises à l’œuvre pour atteindre certains objectifs géopolitiques. La probabilité que ces éléments seront mobilisés d’une manière ou d’une autre lors de prochaines attaques sous faux drapeau dans des villes occidentales doit être considérablement élevée.