Au delà de l’envie de se servir d’expériences concentrationnaires diverses pour en faire un évènement essentialiste cathartique, les déportés ont fait de la Shoah une catha strophe, un discours. Espérant donner une solution finale à l’impasse de l’exil, du rejet, au fait de n’être pas un peuple, une voix. Ils annonçaient leur sacrifice, revenaient à dieu pour sauver l’humanité, redevaient purs et effaçaient la mission et le meurtre de Jésus traitre.
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La mise en scène ayant l’avantage sur la réalité de pouvoir maitriser le scénario et les dénouements. L’impossibilité de se conformer au réel faisant naître le discours de l’impossible. Ne comprenant pas que tromper l’autre s’était se tromper soi-même. L’opacité rendant plus que difficile le lien social et le sens de l’acte par lequel l’homme s’affirme en tant qu’homme. Le sujet déporté trouve à se leurrer dans la croyance qu’il pourrait éviter le passage par l’impuissance grâce au détour qu’est la cristallisation magnifiée de ses histoires. La volonté de s’expliquer pour comprendre les contradictions d’une situation imposée, rétablit le lien avec ceux dont ils voulaient se détacher. C’est une forme de protestation, une façon de s’asservir à l’idéal de l’Autre et de porter sa vérité du sujet. La Shoah est une fondation et une volonté de combler la brèche.
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Le déporté est en souffrance, c’est un malade qui veut parler. Il passera de l’innommable, à l’in-ouï, de l’in-croyable qui par inversion nazifiée devient l’un croyable. C’est le contenu inconscient des histoires qui est en jeu, le fait qu’ils sont liés à des motifs amoureux d’une force extrême qu’enfant il n’a pu s’avouer. D’où la proximité entre la douleur et le plaisir, les sévices et le sexe, avalé chié, ébranlé branleur. De fait nous comprenons mieux ses expériences passées, ses perversions, son désir de sublimer se pulsions, ses mythes. La manifestation consciente de ses rêves, à forte dimension symbolique, soutenant le désir et offrant une chance au symptôme, au fantasme. L’histoire est ainsi composée de faits, de rêves et de comédie. Le déporté oscille entre moralisme et cynisme, les deux extrémités d’un malaise surjoué dans sa civilisation.
Sigmund Fraud
Coup de bambou sur le toubab
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