La candidat Ashraf Ghani remporte le deuxième tour des élections présidentielles afghane avec 56,4 % des voix.
L’économiste Ashraf Ghani est arrivé en tête du second tour de la présidentielle afghane, selon les résultats provisoires publiés lundi par la commission électorale. Il devance largement son rival Abdullah Abdullah avec 56,4 % des voix contre 43,56 %.
Cette annonce, plusieurs fois retardée, n’a pas dissipé la confusion qui règne autour du scrutin. M. Abdullah, arrivé largement en tête à l’issue du premier tour, refuse de le reconnaître sans un examen plus approfondi des fraudes qui risquent selon lui de lui voler la victoire.
Les chiffres annoncés ne sont pas "définitifs", a dit le président de la commission électorale indépendante (IEC) Ahmad Yusuf Nuristani en rendant publics les résultats.
"Cela ne désigne pas le gagnant" de l’élection, parce qu’il reste l’étape de l’examen des plaintes à propos du scrutin, qui doit être mené par la commission des plaintes (ECC), a-t-il également ajouté, sans préciser combien de votes pouvaient être concernés.
Aveu évoqué par l’IEC
Selon l’IEC, plus de 8 millions de votes ont été enregistrés lors du second tour du 14 juin, sur un total de 13,5 millions d’électeurs, soit beaucoup plus qu’au premier tour où ils ont été établis à environ 6 millions.
Ce total bien supérieur à ce qui était anticipé pourrait nourrir des accusations de fraudes massives dans le camp de M. Abdullah.
Certains observateurs, dont l’ONU, craignent qu’une impasse politique ne dégénère en tensions voire en violences communautaires, au moment délicat où les troupes de l’OTAN se préparent à quitter le pays en fin d’année.
M. Nuristani a reconnu la présence de fraudes dans le scrutin. "L’IEC admet qu’en dépit des meilleurs efforts pour une élection meilleure, il y a eu des erreurs techniques et des lacunes dans le processus", a-t-il dit.
Rencontre entre les deux parties
"Nous ne pouvons pas nier la fraude et les violations du processus, dans certains cas, des forces de sécurité ont été impliquées, dans d’autres cas de hauts responsables du gouvernement comme des gouverneurs ou des personnes de niveau moins élevé", a-t-il ajouté.
L’annonce des résultats est intervenue avec cinq heures de retard, après que les responsables de l’IEC se sont réunis.
Des rencontres ont également eu lieu dans le même temps entre les deux camps, sous la direction de la mission des Nations unies en Afghanistan (UNAMA).
Depuis le second tour, M. Abdullah dénonce des bourrages d’urnes massifs au profit de M. Ghani, qui a de son côté rejeté en bloc ces accusations et revendique une victoire "dans les règles".
Mise en garde récemment
La publication des résultats, initialement prévue le 2 juillet, avait été reportée de cinq jours pour permettre de vérifier les chiffres dans 1930 bureaux de vote, où des soupçons de fraude ont été signalés.
Lors de la dernière présidentielle, en 2009, M. Abdullah avait jeté l’éponge avant le second tour en dénonçant déjà des fraudes massives en faveur de son adversaire Hamid Karzaï, qui avait été automatiquement réélu.
Il était cette fois décidé à ne pas laisser la victoire à son adversaire et réclame, avec l’appui d’une partie de la communauté internationale, un "audit exhaustif" de la fraude.
De son côté, l’UNAMA a mis en garde à plusieurs reprises contre une montée des tensions.
Division récente
Au premier tour le 5 avril, M. Abdullah était arrivé largement en tête avec 45 % des voix contre 31,6 % à M. Ghani, endossant le statut de favori de ce scrutin devant donner au pays un successeur à Hamid Karzaï.
Le ton est monté ces derniers jours entre les partisans des deux candidats. Or le pays aborde une période délicate avec le retrait prévu en fin d’année de la force de l’OTAN qui soutient depuis plus de 10 ans son fragile gouvernement face à la tenace rébellion menée par les talibans, toujours très actifs.