Des milliers d’Africains, en majorité des Éthiopiens, continuaient mardi à se rendre aux autorités en Arabie saoudite, une reddition qui s’est accélérée après la mort de trois Éthiopiens selon Addis Abeba dans des violences ayant émaillé une campagne contre les immigrés illégaux.
Abandonnant le quartier de Manfouha, où se concentre l’immigration clandestine dans le sud de Ryad, des milliers de personnes attendaient leur tour stoïquement, sous un soleil de plomb, pour être conduits en bus vers un centre de déportation, selon un photographe de l’AFP.
"J’ai été obligé de vendre à bas prix une partie de mes meubles, et dans la précipitation, d’en abandonner d’autres", a confié avec désespoir un Éthiopien assis à même le sol parmi une foule d’hommes, de femmes et d’enfants.
Un de ses compatriotes a lui assuré avoir des papiers en règle. "Certains parmi nous ont un titre de séjour légal, mais nos parrains ont encaissé l’argent et se sont éclipsés", a-t-il dit, témoignant de la situation de plusieurs expatriés qui devaient changer de garant pour pouvoir être en conformité avec la loi.
Des bus se relayaient à longueur de journée pour transporter ces immigrés vers des centres, près de la capitale, où les autorités se préparent à les déporter.
Ces centres ont accueilli ces derniers jours quelque 17 000 d’entre eux, a rapporté mardi la presse locale citant un porte-parole de la police de Ryad.
Dans le quartier Al-Nassim, dans l’est de Ryad, des centaines d’immigrés illégaux se sont rendus aux autorités, selon des habitants.
A Jeddah, la capitale économique du royaume, la police a arrêté 75 Éthiopiens et Tchadiens après des heurts ayant éclaté dimanche soir entre ces immigrés illégaux à la suite d’un litige.
Au total, la police a interpellé quelque 33 000 immigrés illégaux dans les différentes régions du royaume en une semaine, selon des statistiques citées mardi par les médias.
La reddition des immigrés s’est accentuée à la suite d’émeutes dans la nuit de samedi à dimanche à Manfouha où, selon la police, deux personnes ont été tuées, dont un Saoudien.
Le gouvernement éthiopien a lui fait état de la mort de trois de ses ressortissants dans des affrontements avec les policiers. "Le fait de tuer des civils innocents est injustifiable", a dénoncé le ministère éthiopien des Affaires étrangères.
L’Éthiopie avait annoncé début novembre qu’elle allait rapatrier ses citoyens vivant illégalement en Arabie Saoudite. De nombreux Éthiopiens émigrent chaque année vers le Moyen-Orient, notamment les monarchies du Golfe à la recherche d’emplois, le plus souvent de domestiques.
Les autorités saoudiennes ont commencé à expulser massivement des clandestins après l’expiration le 4 novembre d’un délai de sept mois qui leur a été donné pour qu’ils régularisent leur situation ou quittent le riche royaume pétrolier.
Plus de 900 000 étrangers en situation irrégulière ont déjà quitté le royaume depuis le début 2013.
Les autorités estiment que cette politique devrait permettre de réduire le nombre d’immigrés, estimé à 9 millions sur quelque 27 millions d’habitants, pour favoriser l’emploi des Saoudiens.