Deux ans d’emprisonnement ont été requis, vendredi soir, devant le tribunal correctionnel de Toulon à l’encontre de Mohamed B., un Seynois, jugé pour « apologie d’actes de terrorisme » et « détention de stupéfiants ». Tard dans la soirée, la sanction est tombée : dix mois de prison avec mandat de dépôt.
Propos rapportés par un client
Première séquence le 18 janvier. Le prévenu, en formation et père d’un enfant de dix mois, se rend dans une boulangerie de La Seyne et passe devant des clients.
Dans la file, un homme l’interpelle. Des mots s’échangent. Mohamed B. règle et quitte les lieux. Le client se présente alors à deux militaires, en faction devant la synagogue, et indique avoir été menacé par un individu qui a fait référence à des terroristes. Il va l’identifier sur des photos. Il s’agit d’un jeune homme connu des services de police.
Deuxième séquence : dix jours plus tard. À l’occasion d’un contrôle diligenté par le procureur de la République sur la commune, Mohamed B. est interpellé en possession d’un joint et un rapprochement est fait avec le signalement.
Présenté en comparution immédiate, il a assumé la partie « stups » mais a totalement nié les propos reprochés. « J’ai seulement dit que depuis l’histoire de Charlie, on me regarde d’une drôle de façon. »
À l’audience, le témoin a confirmé des paroles menaçantes. Avec, entre autres : « les frères Kouachi sont morts en Syrie » et que« ce qu’ils ont fait, c’était bien ». Il a dit avoir été choqué et que Mohamed B. hurlait dans la boulangerie. Des faits qui n’ont toutefois pas été corroborés par les employés du commerce qui ont évoqué une « dispute ».
Appel immédiat du jugement
Pour Me Romain Callen, en défense, l’apologie d’actes terroriste ne repose sur rien. « Sur les dires d’un homme qui se fait justicier. Qui va le dénoncer ! Mais où va-t-on ? » Condamné à dix mois de prison, le Seynois a été incarcéré. La demande de constitution de partie civile du « témoin » a été refusée. L’avocat a annoncé faire appel et de saisir le Conseil constitutionnel [1].