Pendant que les Européens doivent de plus en plus se serrer la ceinture avec les politiques d’austérité qui leur sont imposées pour tenter de remédier aux problèmes des dettes abyssales contractées par les gouvernements, les dirigeants de l’Europe semblent ignorer l’existence de la crise qui menace l’existence même de la monnaie unique.
Ils ont ainsi décidé de rénover le bâtiment Eastman à Bruxelles, pour y héberger la future « Maison de l’Histoire Européenne », un musée qui retracera l’intégration européenne et devrait ouvrir en 2014. A l’origine, les travaux avaient été budgétés pour 52,4 millions d’euros, et les frais de fonctionnement annuels avaient été estimés à 13,5 millions d’euros.
Mais selon le Daily Telegraph, les coûts du projet auraient presque doublé alors que les travaux n’ont même pas commencé, atteignant près de 130 millions d’euros, tandis que les frais de fonctionnement ont été revus à la hausse avec 80% d’augmentation. Au total, le projet devrait donc coûter pas loin de 160 millions d’euros.
En mars, des députés ont demandé la rédaction d’un plan de financement détaillé avant que les fonds ne soient débloqués, et la réduction « des coûts de fonctionnement estimés » du musée. La députée du parti britannique eurosceptique UKIP, Marta Andreasen, a blâmé l’existence du projet, qu’elle a jugé « mal conçu, inutile et ridiculement coûteux ». « En ces temps d’austérité, cela défie la foi et la logique de voir que les députés européens ont de vastes sommes d’argent pour financer ce projet éhontément narcissique », a-t-elle déclaré.
La « Maison de l’Histoire Européenne », HEH comme on la surnomme dans les documents officiels, est un projet de l’ex-président allemand du parlement européen, Hans-Gert Poettering, pour promouvoir l’identité européenne. Mais comme les députés européens ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur les fondements de l’histoire européenne et qu’ils achoppaient sur les évènements de la Seconde Guerre Mondiale, l’HEH n’évoquera que les évènements postérieurs à la guerre, à partir de l’année 1946 fixée comme étant « l’année zéro ». Certains eurocrates proposent même de ne plus appeler la seconde guerre mondiale de cette manière, mais de la décrire comme « la Guerre Civile Européenne ». Le musée se concentrera donc sur les « les racines des valeurs européennes communes », selon le document explicatif du projet. Le député européen flamand de la Liste Dedecker Derk Jan Eppink a lui aussi déploré ce projet, qui semble oublié dans les grands médias belges, en évoquant de "l’auto-glorification aux frais du contribuable".
Le Parlement Européen semble totalement coupé des réalités que vivent les citoyens, avec un taux de chômage des jeunes qui dépasse 50% dans deux pays, et des milliers de gens dans les rues dans certains pays pour protester contre les réformes de réduction des dépenses. Le fonctionnement du Parlement Européen en lui-même coûte 2 milliards d’euros par an, en hausse de 18% par rapport à 2009, rappelle le Daily Mail, qui indique que depuis 2004, avec l’élargissement de l’UE à de nouveaux membres, les effectifs des eurocrates sont passés de 3.946 à 6.245, alors que le parlement ne compte que 4 eurodéputés supplémentaires.
La HEH n’est pas le seul projet coûteux dont l’utilité peut être contestée. Le Daily Mail révèle également que la chaine de télévision du Parlement Européen, dont l’audience n’est que de 830 personnes par jour, coûte 8,5 millions d’euros par an, notamment parce qu’elle est traduite dans 22 langues, y compris en gaélique, alors que l’on compte seulement 80.000 personnes parlant cette langue.
Pendant ce temps-là, les contribuables européens se sentent de moins en moins concernés par la politique européenne, comme le montre le faible taux de participation aux élections européennes, 43% en moyenne en 2009, et même moins de 20% dans certains pays…