PME ou grands groupes, toutes les entreprises peuvent être victimes de faux virements étrangers. L’escroquerie pèserait 250 millions d’euros depuis 2010, selon les chiffres d’une étude KPMG.
L’arnaque aux faux ordres de virements internationaux se répand en France. Pas moins de 250 millions d’euros ont été extorqués par ce biais aux entreprises françaises depuis 2010.
Les chiffres de l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) montrent l’ampleur du phénomène : jusqu’à deux tentatives par jour enregistrées dans les grands groupes français et pas moins de 700 faits ou tentatives recensés entre 2010 et 2014.
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En France, on compte même un cas de suicide à la suite d’une de ces escroqueries. Dans le Pas-de-Calais, un faux technicien SEPA a pris le contrôle de l’ordinateur d’une société spécialisée dans l’optique et validé un virement « test » de 497 000 euros. Une somme partie directement en Lettonie, sur ce que les enquêteurs appellent un « compte de rebond », escale avant que l’argent ne soit ensuite transféré vers la Chine.
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En octobre dernier, un membre du service comptabilité est contacté par le faux président de la société qui exige en urgence un virement sur un compte étranger. « Ca se passe sur une matinée. Il y a une forme de harcèlement », raconte cette source, à base de nombreux coups de téléphone, fausse adresse email avec le nom du président, signature usurpée sur l’ordre de virement échangé. En fin de journée, l’employée finit par se rendre, « complètement paniquée », dans le bureau du directeur.
Le virement de 800 000 euros est déjà arrivé sur le compte étranger, mais, alertés, les services de police parviennent à geler les fonds, qui seront entièrement récupérés. « Il y a un côté irrationnel mais qui fait que tout fonctionne à la fin de la journée », souligne le bailleur. La personne ciblée par les escrocs a été sanctionnée « de façon modérée, discrètement ». Les appels des fraudeurs sont passés depuis Israël.
Spécialiste de l’escroquerie
Les enquêteurs ont bien identifié les escrocs : une criminalité très organisée, franco-israélienne, basée dans les villes de Netanya et d’Herzliya, selon l’OCRGDF. « Spécialistes aguerris » de l’escroquerie économique, ils ont fait leurs armes sur les fraudes à la TVA ou à la taxe carbone.