Sans doute par « coquetterie » propagandiste, un des innombrables « responsables » ASL d’Alep a affirmé que ses troupes disputaient encore ce vendredi matin des « secteurs » de Salaheddine. Mais les journalistes étrangers ont confirmé le départ, annoncé hier par l’ASL elle-même, des rebelles de leur quartier d’« élection ».
Lourdes pertes ASL à Hanano
Laissons de côté – pour une fois – la propagande OSDH, et appuyons nous – pour une fois – sur le témoignage de journaliste de l’AFP présents sur place. Ceux-ci parlent ce vendredi d’un bombardement effectué par un Mig 21 syrien au-dessus du quartier de Hanano - à huit ou neuf kilomètres à vol d’oiseau au nord-est de Salaheddine : quatre bombes auraient été larguées, et l’une serait tombée dans la cour du QG local de l’ASL, tandis qu’une autre a frappé un immeuble d’habitation, faisant des blessés.
On peut évidemment se demander dans quelle mesure certains habitants de Hanano sont captifs de fait des rebelles. Mais selon les journalistes de l’AFP, les habitants touchés par le bombardement ont manifesté leur colère contre… les États-Unis et la France qui soutiennent les groupe armés d’Alep. Le propriétaire d’un des appartement touchés exprime toute la difficulté des civils occupés par l’ASL en une seule phrase contradictoire : « On est avec l’ASL mais c’est aussi à cause d’elle que tout cela est arrivé » !
Sur I-Télé ce matin, on pouvait entendre une réfugiée d’Alep dire son désir que l’ordre soit rapidement rétabli dans la ville, ce qui équivaut à des voeux pour la victoire de l’armée.
Dans son édition du 9 août au soir, Sana dit qu’outre Salaheddine, les quartiers d’al-Nassileh et de Bab al-Nasr (centre, au nord de la citadelle et de la vieille ville), ont été « purifiés«
L’agence officielle syrienne parle d’un accrochage – jeudi soir – dans la périphérie d’Alep, à Daret-Azza, ayant abouti à la destruction d’au moins quatre pick-up équipés « réglementairement » de la mitrailleuse lourde russe Douchka ainsi que d’une vingtaine de « motos » : des dizaines d’activistes auraient péri dans l’incident.
À Alep même, Sana annonce que les soldats ont anéanti hier soir un groupe rebelle rue Moustawdaat à Salaheddine, et dans ce même quartier ont mis la main sur un camion citerne servant aux rebelles à alimenter les déplacements de leurs véhicules. À Hanano, à la limite est de la ville, un combat d’ampleur a coûté la vie à des dizaines d’insurgés, et causé la destruction ou l’endommagement de six véhicules de combat rebelles, quelques autres parvenant à se replier.
L’armée a aussi donné l’assaut à des rebelles retranchés près de l’hôtel Carlton – mais peut-être s’agit du Sheraton, sis à l’ouest de la vieille ville : la plupart ont été tués, blessés et/ou capturés. D’autres bandes ont été décimées dans le secteur de Boustan al-Pacha (nord-est de la ville, et à l’ouest de Hanano).
Selon le site syrien Arab Press et la chaîne libanaise (hezbollah) al-Manar, le neveu du chef du Conseil militaire de l’ASL, le général dissident passé en Turquie Abdel Jabbar Akidi, a été tué ainsi que ses compagnons alors qu’ils tentaient de de fuir Salaheddine. Selon une source militaire, lui et ses hommes portaient des vêtements de femmes et ont été abattus lorsqu’ils ont refusé de répondre aux sommations des soldats leur demandant de s’arrêter pour vérification d’identité.
Les mirobolants « plans » tactiques de l’ASL
Hier soir, un autre responsable militaire insurgé, Wassel Ayoub, chef d’une « brigade Nour al-Haq », avait indiqué que les rebelle allaient reconstituer un front de défense cohérent à l’est de Salaheddine, passant du nord au sud par les quartiers de Boustane al-Kasr, Machhad et Soukkari : un examen de la carte indique que ce « front » s’étend sur quatre ou cinq kilomètres. Une source militaire syrienne a fixé Soukkari, à la lisière sud-ouest d’Alep, comme le prochain champ de bataille majeur.
Nous ne croyons pas beaucoup ici aux « plans » stratégiques ou tactiques dévoilés quotidiennement par les officiers ou porte-parole de l’ASL alépine : à notre humble avis, la coordination et la discipline ne sont pas le fort de cette soi disant armée, dont la plupart des groupes combattent pour leur compte, à l’échelle d’un quartier (au mieux). Et des fondamentalistes pas éloignés d’al-Qaïda comme ceux de la brigade Thawid ne pratiquent pas forcément l’unité d’action avec des groupes ASL stricto sensu. Et n’oublions pas que la présence d’un nombre élevé de combattants étrangers ne va pas non plus dans le sens d’une cohérence de commandement et des opérations.