Le « phénomène Soral », n’en finit plus d’étonner en dehors de nos frontières. En ce mois de juillet c’est le webzine étasunien The Occidental Observer qui consacre une longue série d’articles à l’écrivain et président-fondateur d’Égalité & Réconciliation.
Pour présenter ce site, nous dirons simplement qu’un de ses principaux contributeurs, Kevin B. MacDonald, professeur de psychologie évolutionniste à l’université d’État de Californie à Long Beach, est dans le viseur de l’Anti-Defamation League du B’naï B’rith pour des travaux universitaires portant sur le judaïsme comme stratégie évolutive de groupe. Si la ligne politique et les références de The Occidental Observer diffèrent de celles d’Égalité & Réconciliation, on sent tout au long des articles, malgré les divergences, une curiosité et un profond respect pour le travail d’Alain Soral, qui est « devenu une présence influente sur la scène politique et culturelle française ». Ainsi l’auteur, Guillaume Durocher, se propose-t-il de « faire la lumière sur ce personnage complexe et fascinant ».
Destiné à un public étatsunien « WASP », l’article se décline en dix questions réparties en trois volets.
La première partie revient sur les positions politiques, l’influence dans la société française et la façon dont Alain Soral a réussi à se constituer une audience significative : « Il est incontestable aujourd’hui que Soral et Égalité & Réconciliation (E&R) sont l’unique et le plus influent mouvement dissident nationaliste et antisioniste métapolitique, en France et même (en termes d’audience) très probablement dans le monde occidental. » Sur les positions politiques, le site résume : « Soral s’oppose à ce qu’il appelle “l’Empire” comme idéologie » qui se manifeste en géopolitique comme « une étrange constellation » qui « tente d’imposer dans le monde entier son hégémonie culturelle, idéologique, économique et militaire, et de détruire tous les Etats-nations ». Après avoir expliqué l’appel « à l’alliance des nations libres contre “l’Empire” », The Occidental Observer rapporte que « Soral est considéré comme une figure satanique par le système politico-médiatique français principalement en raison de sa critique cinglante des effets pervers de l’ethnocentrisme juif et du sionisme (à la fois israélien et international) sur les non-juifs ».
Si sa ligne politique identitaire diffère de celle d’Egalité & Réconciliation, The Occidental Observer constate que l’association française représente toutefois une « porte d’entrée importante pour les jeunes pour découvrir le nationalisme », notamment grâce à une « image de virilité » qui fait « appel à une part croissante de jeunes hommes européens et non-européens qui recherchent des modèles masculins dans nos sociétés de plus en plus efféminés et transsexuels », un travail « extrêmement métapolitique, évitant la politique électorale directs de toute nature », une « une stratégie à haut risque, très dangereuse » qui a fait d’Alain Soral « un lépreux ».
Soulignant l’apport du support vidéo, l’auteur de l’article fait le point sur les audiences d’E&R « sur un pied d’égalité avec les principales sources d’information grand public en ligne » et qui « semble avoir une certaine influence, nécessairement secrète, sur les jeunes cadres du Front national (FN) ».
Après avoir expliqué qu’Alain Soral a été désigné « ennemi de la République » en août 2013 par Manuel Valls, l’auteur rappelle le parcours de Dieudonné, « un commentateur social plus que politique […], antisioniste, mais pas vraiment nationaliste. Les activités des deux hommes n’ont pas fusionné, mais il y a clairement une grande porosité et des chevauchements entre leurs partisans. » En conclusion l’auteur insiste sur la mise en évidence, par Alain Soral, « des contradictions entre les valeurs indiquées par le régime [républicain] et sa pratique réelle ».
Avant de détailler la perception du discours d’Alain Soral chez les nationalistes français, l’auteur s’intéresse longuement à l’évolution du positionnement intellectuel d’Alain Soral, à sa vie, à son œuvre et notamment son passage du communisme au nationalisme. Ces points constituent le deuxième panneau du triptyque. Rappelant la définition d’ « alter-nationaliste » et précisant que « de manière significative, les analyses de Soral ont eu tendance à être justifiées avec le temps », The Occidental Observer remarque néanmoins que « son “antisémitisme” le rend intouchable même pour l’extrême-droite (ses amis de gauche, s’il en avait, ont depuis longtemps abandonné) […]. Il n’est pas surprenant qu’il ait généralement eu de mauvaises relations avec les identitaires. Il a également des différences irréconciliables avec l’équivalent parmi les Africains et les musulmans, les Indigènes de la République […]. Il semble qu’un nombre important d’anciens sympathisants identitaires et Indigènes finissent par rejoindre E&R. » Sont rappelées également ses « bonnes relations avec Alain de Benoist » et les critiques dont il a fait l’objet de la part de Guillaume Faye.
Le troisième et dernier volet est consacré aux positions d’Alain Soral sur les différents mouvements nationaux dans le monde ainsi qu’à ses positions sur la question juive et la question raciale : « L’étiquette de socialiste, chrétien, anti-raciste, nationaliste et anti-impérialiste d’Hugo Chavez est la plus proche de la sienne. Dans le monde musulman, Soral a soutenu l’Iran (notamment de lutte de Mahmoud Ahmadinejad contre le colonialisme israélien et contre la censure de la recherche historique), la Syrie et le Liban (notamment la réconciliation nationale entre chrétiens et musulmans au Liban obtenue par le général Michel Aoun et le Hezbollah). Il considère également la Russie de Vladimir Poutine comme le rival principal de “l’Empire”. » The Occidental Observer rapporte ensuite la crainte d’ « une guerre civile ethnique par l’importation du “choc des civilisations” en France » et de préciser que « comme tel, [Alain Soral] est anti-immigration, mais considère que ceux qui attaquent les musulmans et les non-Européens déjà en France contribuent à la puissance sioniste par une guerre civile qui pourrait anéantir définitivement la Nation ».
Après avoir expliqué le précédent du Cercle Proudhon comme mouvement de troisième voie, l’auteur conclut : « Autant dire que, au-delà d’une critique impitoyable du système et une défense intransigeante de l’État-nation, Soral ne présente pas une idéologie toute faite pour le nouvel ordre, mais est plutôt une incitation à la conversation. »