Alain Delon déclare dans un entretien avec le quotidien suisse Le Matin qu’il approuve la place très importante du Front National, et il estime que nous n’en serions pas là si Nicolas Sarkozy était au pouvoir.
Interrogé sur la montée de la droite radicale, en France avec le FN et à Genève avec le Mouvement des Citoyens Genevois (MCG), l’acteur franco-suisse trouve cette évolution tout à fait édifiante.
"Édifiant parce que les gens en ont marre qu’on leur parle comme on le fait. Ils veulent de l’action, ils veulent autre chose. Ils ont connu une France différente sous De Gaulle ou même sous Mitterrand", a déclaré l’acteur, âgé de 77 ans et qui joue Une journée ordinaire, pièce d’Eric Assous, au théâtre à Genève avec sa fille Anouchka.
"Voilà pourquoi le Front National, comme le MCG à Genève, prend une place très importante et ça, je l’approuve, je le pousse et le comprends parfaitement bien", a dit Alain Delon.
Interrogé sur la capacité du FN de passer aux actes, Alain Delon l’en croit capable s’ils arrivent à avoir derrière eux un électorat solide (...) "Depuis des années, Le Pen père et sa fille se battent, mais ils se battent un peu seuls. Là, pour la première fois, ils ne sont plus seuls. Ils ont les Français avec eux".
"Et que cela déborde sur Genève, c’est vachement important. Là-bas aussi, il y a un ras-le-bol", ajoute-t-il.
Interrogé par téléphone mercredi après-midi par Le Matin à la suite de commentaires en France sur son interview, l’acteur persiste et signe : "Je n’ai pas dérapé et je ne dérape pas", a-t-il dit.
"Je suis gaulliste depuis 40 ans, mais il faut vivre avec son temps. On ne peut pas être gaulliste dans un monde hollandiste", déclare l’acteur, une référence au président socialiste français François Hollande.
"Il faut s’adapter. Je suis gaulliste et je suis sarkozyste. Avec le FN, nous n’en serions pas là si Nicolas Sarkozy était au pouvoir. Point", conclut-il.
Élu en 2007, Nicolas Sarkozy a été battu par François Hollande à l’élection présidentielle de 2012.
Le Mouvement Citoyens Genevois (MCG), parti hostile aux travailleurs frontaliers, a fait une forte poussée dimanche lors d’élections cantonales à Genève. Il obtient près de 20% des voix alors que les partis traditionnels de droite et de gauche subissent des revers, en particulier les Verts.
Le MCG a mené une campagne appelant à arrêter l’invasion des frontaliers. Le parti fustige en particulier la sous-enchère salariale provoquée par l’afflux de Français.
Parmi ses thèmes de campagne, ce parti qui se range derrière les petits patrons, les artisans et les commerçants appelait entre autres à faire preuve de tolérance zéro pour la délinquance, à dépolitiser une justice gangrénée, et à mettre fin aux bouchons dans la circulation.
Interrogé sur ses récents propos controversés sur le mariage homosexuel, Alain Delon entend couper court aux polémiques : "Je n’ai rien dit contre le mariage gay. J’ai dit que je m’en foutais du mariage. Je suis contre l’adoption des enfants (...) parce qu’un enfant doit avoir un père et une mère et doit être élevé par un père et une mère".