L’ancien directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn a été convoqué ce mardi matin à Lille pour y être entendu sur son rôle dans l’affaire de proxénétisme dite du "Carlton". Les enquêteurs de la police judiciaire l’ont placé en garde à vue pour complicité de proxénétisme et recel d’abus de biens sociaux. L’ancien favori du PS à la présidentielle française passe la nuit en prison.
Dominique Strauss-Kahn est arrivé à 9h00, dans une caserne de la gendarmerie, afin d’être interrogé au sujet de soirées libertines auxquelles il aurait pris part, notamment à Paris et Washington.
Il s’est vu signifier immédiatement son placement en garde à vue pour 24 heures par les enquêteurs de la police judiciaire de Lille, 24 heures prolongeables.
La police voulait déterminer, entre autres, si DSK était au courant de la façon dont étaient financées ces soirées. Plusieurs d’entre elles ont été organisées et payées par deux entrepreneurs de la région de Lille, Fabrice Paszkowski et David Roquet.
La dernière de ces soirées a eu lieu du 11 au 13 mai dans la capitale américaine, à la veille de l’arrestation de DSK dans l’affaire du Sofitel de New-York. Dans cette affaire où la femme de chambre Nafissatou Diallo accusait DSK d’agression sexuelle, les poursuites pénales ont été abandonnées par la justice américaine.
Si les juges d’instruction en charge du dossier estimaient les charges suffisantes à l’encontre de Dominique Strauss-Kahn, il pourrait être poursuivi pour complicité de proxénétisme et recel d’abus de biens sociaux. Ce dernier chef impliquerait que DSK ait eu connaissance de l’éventuelle origine frauduleuse des dépenses dont il aurait bénéficié.
L’ancien favori des sondages dans la course à la présidence française peut être assisté d’un avocat en garde à vue. Celle-ci peut théoriquement durer jusqu’à 96 heures, mais ne devrait pas excéder 48 heures, a-t-on expliqué de source proche du dossier.
Dominique Strauss-Kahn avait demandé à être entendu
L’ex-patron du FMI avait demandé à deux reprises à s’expliquer dans cette affaire, dès l’apparition de son nom dans la presse à la mi-octobre.
Me Henri Leclerc, l’un des avocats de DSK, avait déclaré en décembre que son client "pouvait parfaitement ignorer" que les femmes rencontrées lors de soirées libertines étaient des prostituées.
Huit personnes ont été mises en examen (inculpées) dans ce dossier, parmi lesquelles trois responsables de l’hôtel Carlton de Lille, un avocat et un haut gradé de la police dans le Nord, le commissaire Jean-Christophe Lagarde.