Dobri Dobrev est un homme pour le moins extraordinaire. Âgé de 99 ans, ce Bulgare vit depuis l’après-guerre dans le dénuement le plus total. Toute sa vie est orientée vers la quête, et il redistribue l’ensemble de ses gains à des œuvres de charité, comme à des orphelinats par exemple, ou plus significativement à des actions de restauration de divers monuments chrétiens à travers le pays.
Il réside aujourd’hui dans une dépendance de l’église de son village natal [1], avec le strict minimum pour vivre. Il se rend chaque jour devant différents lieux de culte à Sofia pour mendier. Depuis son village, cela représente un trajet de 25 kilomètres, qu’il faisait encore à pied il y a quelques années.
« Grand Père Dobri », comme on le surnomme, a cédé l’ensemble de ses biens à une église, il y a bientôt quinze ans. Il se contente depuis de sa pension de 80 euros, et donne tout ce qu’il peut récolter aux bonnes œuvres, un montant accumulé qui avoisinerait les 40 000 euros [2].
Dobri Dobrev a perdu la majeure partie de ses capacités auditives suite à l’explosion d’un obus pendant la Seconde Guerre mondiale. On raconte qu’il est cependant très discret sur son passé, et sur sa personne en général. Les atrocités de la guerre semblent donc avoir suscité certaines vocations bien différentes de celles que l’on a pu souvent observer. On peut réclamer réparation au nom d’un supposé dû éternel ; on peut aussi mettre ses blessures de côté et se recentrer sur le bien commun. C’est bien cette dernière voie que Dobri Dobrev semble avoir choisie.