Une étude réalisée par l’institut de sondages OpinionWay le jour du deuxième tour révèle une adhésion massive des musulmans au parti socialiste. Elle témoigne d’un rejet du sarkozysme mais pas de toutes les valeurs de la droite, notamment sur les questions sociétales comme l’homosexualité.
Les musulmans réclamaient le changement, et ils l’ont eu. Selon une étude du corps électoral menée par OpinionWay et Fiducial le 6 mai pour Le Figaro sur 10 000 votants, 93% des pratiquants ont glissé un bulletin « François Hollande » dans leur enveloppe. Seuls 7% d’entre eux ont voté pour Nicolas Sarkozy.
Le candidat socialiste est plébicité depuis le début de la campagne par cette partie de la population, qui représente environ 2 millions d’électeurs selon l’institut de sondages.
Déjà au premier tour, la même étude avait montré que 59% d’entre eux avaient voté pour lui. Les deuxième et troisième places revenaient au candidat du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon (23%) et au centriste François Bayrou (7%).
Le président sortant, lui, arrivait quatrième, avec seulement 4% des suffrages. « C’est la marque d’un véritable rejet de Nicolas Sarkozy », explique Julien Goarant, directeur d’études chez Opinionway, spécialisé dans les enquêtes d’opinions politiques.
« Ils ne veulent plus de son discours qui, selon eux, a stigmatisé leur communauté et beaucoup instrumentalisé leur religion », poursuit-il.
La stratégie de l’UMP visant à séduire les électeurs du Front National en remettant souvent en question la place de l’Islam en France ne les a pas laissés insensibles.
Les attaques à répétition de Claude Guéant sur le halal ou sur la supposée infériorité de la civilisation musulmane ne sont pas tombées dans l’oreille de sourds.
« Pour autant, il ne s’agit pas d’un rejet de la droite en général », précise Julien Goarant. Selon le spécialiste, les musulmans pratiquants adhèrent à certaines valeurs de droite.
« Quand on leur pose la question, ils disent être pour plus de sécurité et contre la carte scolaire, des sujets défendus par la droite ». Il est même un point qui les oppose totalement à la gauche et qui les rapproche du vote catholique : la libéralisation des moeurs. « C’est un électorat très conservateur, qui rejette en bloc l’homosexualité par exemple ».
Malgré ces divergences, le coeur des musulmans bat plus naturellement à gauche. « Cela reste tout de même un vote d’adhésion, explique Julien Goarant.
Les musulmans que nous avons interrogés mettent l’égalité au centre de leurs revendications. Ils souhaitent être traités de la même façon que l’ensemble de la population, et c’est plutôt la gauche qui peut leur assurer cela ».
Depuis les années 1980 et la création de SOS Racisme, à laquelle plusieurs personnalités issues du parti socialiste ont participé, le PS apparaît en effet comme le parti défenseur des populations victimes de discriminations. Reste à savoir si le prochain gouvernement socialiste saura satisfaire leurs autres revendications.