Le sort des peuples n’intéresse pas franchement l’Anti-Defamation League du B’naï B’rith, mais leurs opinions sur la question juive font l’objet de sondages réguliers, au gré de l’aggravation de la crise économique, sociale et politique.
Chaque année, un sondage géant est ainsi réalisé afin de savoir si les peuples sont « plutôt d’accord » avec une série de 11 propositions à propos des juifs, telles que « les juifs ont davantage de pouvoir que les autres dans le monde des affaires », « les juifs sont plus loyaux envers Israël qu’envers leur propre pays », « les juifs parlent trop de ce qui leur est arrivé pendant l’Holocauste », « les juifs pensent qu’ils sont meilleurs que les autres », etc.
En ce qui nous concerne, la France aurait vu passer le nombre d’« antisémites » de 18 millions (37 %) à 8,4 millions (17 %) entre 2014 et 2015 [1]. Il faut dire que l’avatar français du 11 Septembre est passé par là. Chiffre révélateur : 30 % des sondés français pensent que les juifs représentent plus de 10 % de la population française (moins de 1% en réalité).
L’ADL observe que si l’antisémitisme a reculé de deux points en Grèce entre 2014 et 2015 (la part d’ « antisémites » y étant passée de 69% à 67%), leur pourcentage aurait néanmoins augmenté sur les questions relatives à l’économie. Ainsi en 2014, 82% des Grecs estimaient que les juifs avaient trop de pouvoir dans les marchés financiers ; ils serait aujourd’hui 85%, selon la livraison 2015 du sondage. 90% estiment que les juifs ont « trop de pouvoir dans le monde des affaires », contre 85% il y a un an.
Innovante, l’édition 2015 du sondage de l’ADL fait désormais la différence entre européens chrétiens et européens musulmans, et distingue plus particulièrement les enfants, auxquels est consacré un pan entier du sondage. Le résultat est que plus les enfants chrétiens sont éduqués, moins ils sont « antisémites », contrairement aux musulmans, qui deviendraient encore plus antisémites avec l’âge. Ainsi, 54% des enfants musulmans âgés de 5 à 12 ans auraient des « attitudes antisémites » et le chiffre bondit à 64 % chez les + de 23 ans. Les chiffres sont inverses chez les chrétiens, passant respectivement de 35% à 16%.