Le chef du gouvernement conservateur espagnol, Mariano Rajoy, a estimé samedi à 5,4 millions le nombre de chômeurs en Espagne fin 2011, un chiffre "astronomique", a-t-il dit, qui confirme la progression alarmante du nombre de sans-emploi dans le pays.
"Cette année (2011) va se terminer avec 5,4 millions" de chômeurs, a déclaré Mariano Rajoy, soit plus de 400 000 chômeurs supplémentaires par rapport à la fin septembre, lorsque l’Espagne affichait déjà un taux de chômage de 21,52%, le plus élevé du monde industrialisé.
Le chef du nouveau gouvernement espagnol veut défendre la place de l’Espagne en Europe et convaincre de sa capacité à redresser l’économie en rencontrant ces jours-ci Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, après le coup de semonce de l’agence Standard & Poor’s.
Rencontres avec N. Sarkozy et A. Merkel
Lundi, le président français sera le premier hôte étranger reçu à Madrid par Mariano Rajoy, qui prévoit aussi de rendre visite à la chancelière allemande le 26 janvier à Berlin.
"Sans aucun doute, l’Union européenne, la gouvernance européenne et la modification des traités seront un élément central" de ces deux rencontres, a déclaré vendredi la porte-parole du gouvernement espagnol, Soraya Saenz de Santamaria.
Un autre rendez-vous européen est fixé au mardi 17 janvier, avec la visite à Madrid du président de la Commission européenne, Herman van Rompuy.
Mariano Rajoy, qui a pris ses fonctions le 21 décembre après sept ans de gouvernement socialiste, espère nouer des alliances avec les principaux dirigeants conservateurs européens, au moment où la crise de la dette rebondit dans la zone euro.
Note abaissée à A
L’Espagne, l’un des pays les plus vulnérables face à cette crise, a vu vendredi sa note abaissée de deux crans, à A, par l’agence de notation Standard & Poor’s. La France, deuxième puissance de la zone euro, a elle perdu son triple A.
Mariano Rajoy considère que l’Espagne "par son histoire et par sa taille, doit jouer un rôle fondamental à l’heure de définir quel sera le chemin et quel sera l’avenir de l’Union européenne", a ajouté la porte-parole.
Ces entretiens auront notamment pour but "de préparer le Conseil européen informel" prévu le 30 janvier, a souligné Soraya Saenz de Santamaria.
Mariano Rajoy a expliqué samedi qu’il entendait lors de ce sommet défendre sa politique de contrôle du déficit public et assuré que des réformes étaient nécessaires "dans tous les pays" de l’Union européenne, pas seulement en Espagne.
"Le gouvernement que je préside sait parfaitement quoi faire pour améliorer la réputation de l’Espagne, pour assurer la croissance et créer de l’emploi", a-t-il déclaré.
Déficit de 8% du PIB
L’Espagne, durement frappée par l’éclatement de la bulle immobilière en 2008 et menacée d’une nouvelle récession, devrait afficher à la fin 2011 un fort dérapage budgétaire, avec un déficit public attendu au-dessus de 8% du PIB, contre 6% promis. Le chômage ne cesse d’y progresser, à 21,52% de la population active.
Le nouveau gouvernement prévoit un programme de rigueur de quelque 40 milliards d’euros en 2012 pour assainir ses finances et parvenir à un déficit de 4,4%. Il a d’ores et déjà annoncé des mesures destinées à redresser les comptes publics, combinant des coupes budgétaires de 8,9 milliards et des hausses d’impôts de 6,3 milliards, ainsi qu’un plan de lutte contre la fraude fiscale destiné à rapporter 8,2 milliards d’euros en 2012.
Avant de rencontrer Mariano Rajoy, Nicolas Sarkozy sera reçu lundi par le roi d’Espagne Juan Carlos qui le décorera de l’ordre de la Toison d’Or, une haute distinction créée en 1429.
L’Espagne veut ainsi remercier le président français pour son rôle dans la lutte contre le groupe séparatiste basque ETA, qui a annoncé le 20 octobre la fin de plus de 40 ans de lutte armée.
Le dernier haut dirigeant étranger à recevoir cette décoration, un collier en or composé de maillons doubles, auquel est accroché la figurine d’un mouton, fut en 2007 le roi Abdallah d’Arabie Saoudite.