Lula prend position sur la guerre en Ukraine et veut que Kiev renonce à la Crimée
8 avril 2023 19:59, par Roland de Roncevauxil faudrait avoir les propos complets et le contexte (et non la version tendancieuse du très atlantiste Huff-Post). Ce qui est certain, c’est que l’arrivée du gauchiste Lula n’a pas fondamentalement changé la géopolitique du Brésil qui est surdéterminée par ses intérêts objectifs (peu importe la gestion néolibérale-conservatrice de Boslonaro, ou la gestion social-démocrate progressiste de Lula). Lula s’est d’ailleurs rendu fin Mars à Pékin.
Contrairement aux apparences, la déclaration de Lula est très puissante en termes diplomatiques (et c’est ce qui scandalise le Huff-post). En effet, à part quelques états soutenant ouvertement la Russie (Erytrée, Syrie, Corée-du-Nord, etc.), tous les états du monde on condamné de principe l’invasion russe au nom de l’intégrité des frontières. C’est une position diplomatique des états, notamment émergents, car ils veulent aussi qu’on (c.-à-d. l’Empire) respecte leurs propres frontières. Mais, derrière, aucun n’a pris de sanction contre la Russie, et ils n’envoient pas d’armes à l’Ukraine malgré les pressions occidentales. Cette position permet à ces états de conjuguer leur propre revendication d’indépendance nationale (sous couvert de "respect des frontières") tout en laissant la Russie opérer à sa convenance (car ils savent bien quoi penser de l’ingérence de l’OTAN en Ukraine).
Même la Chine, à ma connaissance, n’a pas officiellement reconnu à ce stade le rattachement de la Crimée, du Donbass et des régions de Kherson et Mélitopol à la Fédération de Russie. Ils restent dans un flou artistique (flou diplomatique). Evidemment, ils attendent l’opportunité de pouvoir reconnaître ces territoires à l’occasion d’un traité international ou d’un vote à l’ONU, afin de préserver leurs apparences diplomatiques.
Donc, quand Lula, chef d’état en exercice, propose publiquement que l’Ukraine abandonne la Crimée, c’est une parole qui a une forte implication diplomatique. Il pré-positionne le Brésil dans cette perspective. Evidemment, ce n’est qu’une première brèche, une manière d’ouvrir la voie, vers la reconnaissance ultérieure (potentielle) des autres territoires. C’est un premier clou dans le cercueil ukrainien. Et son "le monde a besoin de paix", est en fait une manière de tourner la page à la figure de Zelensky. Lula est un vieux politicien, et il sait parfaitement ce qu’il dit... A suivre.