Le prof de droit et le critique d’art
15 juin 2011 12:57, par AlienTrès bon article, mais un tout petit bémol.
Je ne suis pas d’accord avec la phrase suivante : "Le positivisme est une démarche qui aboutit systématiquement à une acceptation totale de l’État" (en revanche, bien d’accord sur l’éloignement de la justice de l’homme).
Il est vrai que le postivisme juridique d’un Hans KELSEN conduit systématiquement à identifier le droit au droit produit par l’État, seul détenteur du "Sollen" juridique et de la Grundnorm (concept ô combien flou), et à refuser tout juridicité venant d’ailleurs (sauf de l’ordre juridique international, mais c’est un autre débat).
En réalité il ne s’agit là que d’un postivisme parmi d’autres, parce qu’il y a des postivistes qui vont encore plus loin : le droit serait, pour certains, réductible à un ordre de contrainte (c’est à dire à des injonctions accompagnées par un dispositif de pression par menace de sanction) et, dans cette perspective, on pourrait voir la manifestation du phénomène juridique aussi dans une organisation criminelle (telles que les mafias), etc. Et, pour ces juspositives (dont il faut dire qu’ils sont les plus conséquents, les plus "extrêmes", si j’ose écrire), finalement l’État s’impose seulement parce qu’il est le détenteur du dispositif de pression par menace de sanction le plus abouti et le plus important. Donc, justement, il y a des juspositivistes qui démystifient la figue de l’Etat, et confère ainsi un "brevet de juridicité" à d’autres "ordres juridiques". Finalement, tout se réduit à une "jungle" dans lequel c’est le plus fort qui fait la loi. Force ne fait pas droit, disait pourtant Rousseau....
Je vous invite vraiment à lire l’ouvrage suivant : Lucien françois,Le cap de tempête. Essai de microscopie du droit, Bruylant-L.G.D.J. (à partir du chapitre 8).
J’aimerai beaucoup discuter de ces sujets là, je trouve que ces questions sont tellement importantes qu’elles ne doivent pas être rapatriées dans le seul giron de la philosophie du droit. Bien au contraire.
à bientôt.