Un "ancien général" des Marines américains fait partie de Wagner
26 novembre 2022 16:39, par Roland de Roncevauxle mercenariat est la norme dans l’Histoire, et l’armée civique l’exception... l’étymologie même du mot soldat renvoie à "solde", c’est-à-dire "salarié, soldé, vendu, mercenaire". Sans remonter jusqu’aux Romains qui le pratiquaient déjà sous différentes formes, on peut songer aux "grandes compagnies" de la Guerre de Cent-Ans, qui s’engageaient dans l’un ou l’autre camp. A l’époque classique, toutes les armées de l’Europe monarchique étaient professionnelles, et recouraient en outre à des supplétifs mercenaires (Lansquenets, etc.). Plus près de nous on songe aussi bien au "mercenariat interne" de la Légion Etrangère qu’au "mercenariat externe" à la Bob Denard, dont la France fut une spécialiste mondialement reconnue.
Mais l’exemple qui se rapproche le plus des compagnies actuelles, sont les corsaires et les compagnies coloniales de l’ère classique. Les corsaires étaient baillés par un état, et "se payaient en nature" en pillant les flottes de commerce de ses rivaux. Quant aux compagnies coloniales (Hollandaises, Portugaises, Espagnoles, Anglaises, Françaises) elles étaient, à l’échelon économique supérieur, de grosses concessions militaro-colonialo-commerciales concédées par un monarque à une entreprise privée : le souverain s’épargnait les frais et les difficultés morales et matérielles des expéditions exploratoires, de la colonisation, de l’administration, de la mise-en-valeur des territoires, escales et comptoirs lointains. Et les actionnaires de ces compagnies coloniales, confortablement installés à Amsterdam ou ailleurs en Europe, engageaient des rudes marins et conquistadors, d’habiles marchands, d’érudits scientifiques et diplomates, et de talentueux artistes et propagandistes, pour faire le boulot. L’argent rentrait. L’état contrôlait (et taxait) et les oligarques prospéraient. En cas de coup-dur, l’actionnaire sautait sans risque pour le souverain. Et quand le fruit était mûr, l’état récupérait l’affaire en direct. Certains explorateurs ont cédé à la tentation de se faire souverains sur leurs découvertes, mais ils ont été broyés par leurs maîtres. La hiérarchie était claire.
Aujourd’hui c’est pareil dans tous les grands domaines. Et au-delà des compagnies de guerre, on peut songer aux GAFAM ou à Space-X qui sont des "concessions coloniales" de l’état américain dans la colonisation des nouveaux espaces virtuels de valorisation du Capital.