Clefs de lecture #16 – Commentaires sur la Phénoménologie de l’Esprit de Hegel (partie E)
23 novembre 2022 11:47, par RienPartie 6 : la domination dont se désole donc Rousseau n’est pas la domination avant l’éthique, mais la domination telle que le sentiment éthique nous la révèle. Si bien que lorsque Rousseau prétend au nom de l’éthique se désoler de la domination, il ne dit assurément pas la même chose que ce qui est révélée aux yeux du dasein animal, et qui n’est en aucun cas de nature éthique. Le moment dont parle Hegel est tout à fait différent qui n’est pas encore le moment éthique. Si bien qu’une injustice n’a fondamentalement pas lieu qui n’est pas vue comme telle. Là où seule de l’éthique peut faire apparaître du juste et de l’injuste, voire même de la domination, le dasein de Hegel n’a pas encore de réalité éthique, mais seulement une réalité de fait, l’animalité. Poser la nature de la relation maître/serviteur comme inégalité et injustice, implique anachroniquement l’éthique que l’animal-humain ne possède pas encore. Si cette relation nous apparait rétrospectivement comme inégalité, à proprement parler, elle ne peut apparaître ainsi au dasein qu’il met en scène. En revanche, apparait tout à fait sûrement une première différence de fait derrière laquelle est indiquée une première différence d’esprit, laquelle ne constitue pas encore une éthique, mais qui indique l’éthique. Dans le conflit - qui peut être intérieur au dasein (la dialectique n’étant pas seulement le devenir de ce qui est extérieur) - entre deux puissances distinctes, des puissances se sont exprimés distinctement pour faire monde. L’une a gagné, l’autre a perdu. Si l’une a gagné et que l’autre a perdu, ce n’est pas parce que l’une est plus forte que l’autre, mais parce que, nous dit Hegel, la première a pris un plus grand risque que l’autre. Dans cette lutte à mort qui décidera de l’avenir humain, un seul maître apparaît initialement : c’est la mort elle-même. Celui qui gagne est celui qui ne respecte pas le seul vrai maître ; celui qui, parce qu’il ne craint pas la mort comme maître, ne respecte pas la vie, et n’est donc pas encore lui-même, c’est-à-dire le Mortel.