Sauf erreur de ma part, il me semble quand même y avoir un problème liminaire, dans la manière dont est appréhendé le règne de l’Esprit, d’emblée rabattu sur des problèmes actuels (spectacle) et une vision étriquée du manichéisme.
L’âge du Père est celui des lignées héréditaires (ou fraternelles) et des révélations, et à ce titre, il est vrai que les cultures hellénique puis latine, mettant l’accent sur la raison, l’égalité, la beauté du corps et la citoyenneté, sont bien davantage des cultures du Fils, du logos incarné.
La culture de l’Esprit est celle de la liberté. Pas de la liberté abstraite, telle qu’ont pu effectivement la cultiver certains gnostiques (détachement par rapport au corps et au monde), mais de la liberté spirituelle acquise par la gnose, comme ressource morale et sociale. La culture de l’Esprit c’est celle où des humains parfaitement individualisés par la rationalité sont capables, malgré cette individuation, de s’associer parce qu’ils boivent à la source UNE qui a pour nom Logos.
Il est évident que le monde contemporain évolue bien davantage dans la sphère égalitaire du Fils que dans celle de l’Esprit, et que le courant trans-humaniste "détourne" des attributs de l’Esprit (liberté, individualisme) pour en réalité verrouiller l’évolution au stade de l’orientation vers la matière, qui était historiquement justifiée mais qui devrait laisser progressivement place (après une saine apogée du matérialisme au XIX° siècle) à un règne de l’Esprit.
Règne de l’Esprit qui doit concilier la conceptualité cartésienne et individualisante avec un certain "communisme chrétien" : d’où l’intérêt prononcé de la mafia pour prévenir toute alliance entre l’Europe (Allemagne en particulier) et la Russie, ayant pour vocation de féconder cette vierge.
En Russie, le mot "sobornost" possède un poids théologique-épistémologique bien plus important que sa traduction par "conciliarité" ou "catholicité" le laisse deviner. Le sobornost est probablement le terme le plus précis pour évoquer le règne à venir de l’Esprit, la réunion universelle médiatisée par la libre cognition de l’Esprit des "frères en Christ".
Que je sache, les notions de "catholicité" et de "concile" s’accommodent difficilement, par chez nous, de la liberté d’esprit... C’est cette donnée de liberté qui rend la traduction de "sobornost" impossible de manière directe.