Xavier Moreau – Offensive 100 jours après, Bureaucratie UE vs économie de marché russe
6 juin 2022 16:35, par DCMoreau est très précieux pour tout francophone, car il rend accessibles des informations essentiellement trouvables en langue russe. Son travail s’avère donc de qualité et l’homme paraît estimable.
Je lui reproche cependant un enthousiasme russophile, certes bien justifiable au vu de l’Empire du Mensonge qui fait face, mais parfois excessif pour une appréciation objective des faits.
Personne ne peut prédire les conditions qui présideront la fin de ce conflit. Nul ne sait quels acteurs s’immisceront dans les opérations concrètes et selon quelles modalités. Et ce d’autant plus que les Anglo-Saxons sont, sur les 300 dernières années, les maîtres absolus des coups fourrés parvenant à renverser certaines situations jugées acquises. Mais, surtout, les stipulations des traités de paix ne coïncident pas toujours avec le fait militaire brut (le Congrès de Vienne l’attesta amplement).
Ce qui est objectivement constatable est que la défense ukrainienne se fait moins faible et inefficace qu’initialement pronostiquée par Moreau, lequel, au début de l’année, présentait les troupes de Kiev comme un ramassis de va-nu-pieds qui se débanderaient immédiatement. Surtout qu’il convient d’observer la disproportion - démographique, économique et technologique - entre Russie et Ukraine. Que l’on veuille bien considérer qu’au printemps 1940, il fallut moins de six semaines à une armée allemande pour mettre à genoux une France qu’on présentait alors de forces égales, si ce n’est supérieures.
Force est de constater qu’au bout d’un gros trimestre, l’avancée russe reste plus mesurée qu’espéré. Sur un territoire censé compter des populations profondément hostiles au gouvernement central ukrainien. Ce qui constitue un hiatus. Si la Russie progresse si difficilement en territoire acquis, c’est que les lignes de défense s’avèrent sacrément solides.
Moreau se révèle d’ailleurs flou sur l’état de l’armée ukrainienne, dont les effectifs qu’il délivrait en février n’ont strictement plus rien de commun avec les chiffres hypertrophiés qu’il annonce aujourd’hui, présentant une disproportion numérique abyssale au détriment des Russes qu’il inversait presque au départ. On peut se montrer aussi dubitatif sur la notion de "corps expéditionnaire", qui n’appartient guère à un lexique de bataille des frontières. Ou alors, l’Armée du Rhin, en 1870, était un "corps expéditionnaire".
Rien ne dit si la Russie acceptera de trop prolonger les coûts ou proposera bientôt un armistice autour de conditions.