Sergei Glazyev se targue d’être un empirique, alors que la directrice de la BCR serait vendue aux intérêts de Washington et du FMI. C’est oublier que la BCR ne fonctionne pas toute seule mais en lien avec les autres banques centrales dans les pays avec lesquels la Russie commerce. Si la Russie a continué à commercer avec ses partenaires occidentaux et asiatiques, c’est bien qu’elle y trouvait un intérêt, à commencer par les revenus des hydrocarbures qui étaient libellés dans des monnaies réputées pour leur liquidité, c’est-à-dire leur aptitude à servir de moyens d’échanges sur les marchés. La liquidité permet de faire fructifier l’argent en le faisant circuler. Ainsi le forex est en lien avec les marchés des produits à terme ou des swaps de devises, ou des swaps de taux ou des produits de couverture, ce qui permet de démultiplier les revenus pétroliers sur les marchés, où interviennent les banques de Lukoil, Rosneft, Gazprom, etc. Ce n’est pas pour rien si les principales entreprises russes font travailler leur trésorerie à l’étranger, à commencer par Chypre ou les Pays-Bas. Il faut donc garder en mémoire la rationalité derrière l’emploi des principales monnaies de marché, qui bénéficient d’avantages, dont des pays comme la Chine ou la Russie se sont volontairement privés. Notre économiste semble être partisan de l’indexation du rouble sur l’or. Il faut préciser de prime abord que la Russie a vendu des quantités importantes d’or sur le marché des Londres ces dernières années, même si la City empêche maintenant les Russes d’écouler leur or sur les marchés. L’or peut servir de collatéral pour solder les échanges de gros entre pays partenaires de type socialistes, comme cela se faisait du temps du Comecon, lorsque la Gosbank soldait les échanges qui étaient régis par le Gosplan. Nul besoin de préciser que ce genre d’organisation étatique des échanges sur une base nationale a toujours été un frein au commerce, du fait du contrôle exercé par l’Etat sur le commerce de gros. L’indexation sur l’or restreint d’emblée la quantité de monnaie en circulation du fait des limites imposées à la création monétaire. C’est une excellente chose pour obliger l’Etat à réduire ses dépenses ; mais c’est une catastrophe lorsqu’il faut créer de la monnaie en grande quantité pour financer les investissements, comme actuellement pour la Russie, qui ambitionne de se passer de l’Occident dans tous les secteurs stratégiques où elle est encore dépendante des technologies étrangères.