Boulo, Chouard, Di Vizio : ces résistants qui craquent au premier choc
19 septembre 2021 00:22, par ProtégeonslaPalestineJ’ignore quel ayatollah du jusqu’auboutisme militant et de la radicalité sacrificielle nous a pondu ce soliloque unidimensionnel dans lequel il / elle évalue la qualité de l’engagement des uns et des autres. La posture qui consiste à dire : "Lui-là, il a fondu comme une biscotte au premier contact avec le lait des représailles" fait très institutrice moustachue et souffrant d’halitose. Si l’on suit le fil directeur de cet article, qui s’assied sur le sens de la nuance, le moment est donc venu de traiter Hervé Ryssen de pleutre un peu fragile puisqu’il reste silencieux depuis sa sortie de prison, ou Vincent Raynouard de veule parce qu’il s’est taillé à Londres, ou Louis Fouché de roseau qui ploie pour avoir accepté, le cœur serré, la proposition de mise en disponibilité qui lui a été imposée !?!
De quel mauvais roman de cape et d’épée pour amateurs de reconstitutions historiques, sort l’idée saugrenue de faire rimer résistance et radicalité ? Je pense que résister, c’est faire montre de rationalité, ne pas se laisser entraîner dans les extrémités où les adversaires cherchent à vous amener.
J’aurais apprécié que l’héroïsme de Maître Di Vizio soit reconnu, que le jugement de valeur exalté le cède au principe de réalité : il me suffit de savoir qu’il est le seul avocat de France a avoir osé instruire plus de 1500 plaintes ayant mené à la mise en examen de Agnès Buzyn. Je ne me sens pas le droit d’exiger de lui qu’il pousse le panache jusqu’à attendre que ses confrères le radient du barreau ou que ses gosses se prennent les mêmes menaces à peine voilées que celles formulées par l’avocat d’un pédocriminel à l’encontre des enfants de Dieudonné.
La satisfaction de l’auteur serait-elle plus intense si Di Vizio ou un autre résistant répondait aux menaces en misant leur gagne-pain, leur liberté, leur vie ? Cela s’appelle mourir pour la gloire, et c’est une posture poétique. Dans une posture politique, se sacrifier au combat consiste paradoxalement à rester vivant. Je suis de ceux qui pensent, par exemple, qu’Alain Soral a raison de ne pas pousser la radicalité sacrificielle jusqu’à s’attabler en terrasse à Saint-Germain-des-prés en attendant la prochaine patrouille, et de s’éloigner du coeur de cible pour mieux tirer. Cet article ne fait guère le distinguo entre mourir pour une idée (soldat du Hezbollah) et agir pour une idée (dissident occidental).