Peut-on faire confiance à l’OMS ?
10 avril 2020 08:04, par JeanUn décret autorisant le recours au Rivotril pour les soins palliatifs dans les Ephad et à domicile a fait couler beaucoup d’encre : favorise-t-il l’euthanasie de patients atteints du Covid-19 ? Les règles éthiques encadrant l’usage de cette molécule existent, mais pourront-elles toujours être respectées dans le contexte de crise sanitaire aiguë ?
« Cela peut précipiter des gens qui sont fragiles »
« L’administration de cette molécule, contre-indiquée en cas d’insuffisance respiratoire, à un patient souffrant du Covid-19 aura pour effet d’atteindre une sédation terminale à domicile entraînant le décès », estime notamment le syndicat Jeunes Médecins (ex-ISNCCA).
« Si le patient est en mauvaise santé, a des comorbidités telles du diabète, on le tue en douceur », assène-t-il ajoutant qu’« en sédation lourde, on a de bonnes chances de tuer, pas besoin d’être médecin pour savoir ça. »
« Là où on marche sur une ligne, c’est que tous ces médicaments sont sédatifs, mais ils vont diminuer la réponse respiratoire […]. C’est-à-dire qu’on respire moins au fur et à mesure qu’on s’enfonce », concède l’anesthésiste.
« Il faut que l’on arrive à soulager la douleur, être à l’écoute du patient, même en soins palliatifs, sans que l’on arrive à ce qui serait de l’euthanasie, c’est-à-dire terminer brutalement une vie parce qu’on a décidé que c’était fini, arbitrairement. »
« où l’on voit que l’on est en train d’instaurer une forme d’euthanasie hors-cadre, c’est le protocole de soins palliatifs spécial anti-Covid, en dehors du milieu hospitalier. Il évoque cet usage particulier du Rivotril avec des conséquences vitales directes », explique-t-elle.
« Juridiquement, on a du mal parce que ça veut dire que ce n’est qu’un seul médecin et qu’il n’y a pas la collégialité imposée par la loi Leonetti. […] Cela suppose d’être conscient et de ne pas être mis contre sa volonté dans un système de sédation entraînant la mort. Là, on est bien face à ce type de traitement », met-elle en garde.
« À chaque fois, ils nous disent, grosso modo, que l’on a raison en droit, mais que la nécessité et l’intérêt général qui s’attachent à la réforme justifient que l’on soit dans la dérogation. C’est un peu cette formule qu’on retrouve dans les décisions d’aujourd’hui », relate l’avocate.