Le 6 avril 2020 le génocide rwandais sera une fois encore commémoré à travers une histoire fabriquée
3 avril 2020 09:13, par DarmineLe Général Roméo Dallaire, des Forces Armées Canadiennes a été envoyé en octobre 1993 comme commandant des Forces de la Mission des Nations unies pour l’Assistance au Rwanda (MINUAR) et chef des observateurs militaires de la Mission d’observation de l’ONU en Ouganda et au Rwanda (MONUOR) afin, entre autres, d’aider ce pays à établir un Gouvernement de Transition à Base Élargie (GTBE). À la tête de faibles effectifs légèrement armés, Dallaire avait ordre de ne pas intervenir et de n’utiliser la force qu’en cas de légitime défense. Mais, dix militaires belges, préposés à la garde de la première ministre rwandaise, sont présumément assassinés par la garde présidentielle rwandaise alors que l’état-major de la MINUAR, sous-estimant le danger, n’envoie pas de forces à leur secours. Cet assassinat entraîna le retrait par la Belgique de son contingent et affaiblit la MINUAR. Dans les cent jours qui suivirent, près de 800 000 personnes sont tuées ! Faute de moyens, la MINUAR est d’une faible efficacité durant le génocide.
Certains ont loués les efforts du Général Dallaire afin attirer l’attention de la communauté internationale sur l’imminence de la catastrophe annoncée, d’autres, dont M. Lugan, ont souligné plusieurs erreurs et manquements commis par le Général. Mais nul ne fut un plus sévère critique de son travail qu’il ne le fut lui-même. Il sombra dans une longue dépression après sa mission.
Revenant du Rwanda en 1994, Dallaire avanca que le génocide n’a pas été programmé : « jamais, je pense, personne n’aurait pu planifier l’ampleur du débordement. » Dix ans plus tard, il affirme pourtant le contraire dans son livre J’ai serré la main du diable.
J’ai de la difficulté à avoir une opinion nette et tranchée sur le personnage. Sa mission fut un échec, on ne peut le dire autrement. Mais avant de lui jeter la première pierre, je garde en tête qu’ il fut envoyé au front avec des tire-pois et que pendant
qu’ il était là-bas, sur le terrain, à tenter d’empêcher que ne se produise une immense tragédie, moi, comme tant d’autres, j’étais au chaud, peinard, bien calé dans mon fauteuil, à lire des bouquins. Disons que ça m’évite de la ramener.
En 2003, il a déclaré au journal Le Devoir :
« Huit cent mille personnes sont mortes au Rwanda au printemps 1994, et personne n’a bougé. Deux mille neuf cents personnes sont disparues à Manhattan le 11 septembre 2001, et Bush a mobilisé le monde entier. Voyez-vous, j’ai du mal avec ça. »
Il n’est pas le seul.