Les différences France/Suisse – Anne Lucken répond aux questions de Piero San Giorgio
5 décembre 2019 22:33, par HelvètePasTrèsComplaisantSon analyse – ou plutôt description ?– semblant se reposer avant tout sur son expérience personnelle, je pense qu’il y a beaucoup de Suisses qui pourraient la contredire sur presque tous les points.
Avant d’aller à l’essentiel, je vais me permettre quelques courts commentaires sur divers sujets abordés…
En ce qui concerne les chèques, c’est amusant, j’ai une tout autre vision sur la question de la confiance : les chèques sans provision sont une réalité ; par conséquent, accepter un chèque est un signe de confiance. En Suisse, beaucoup de gens et d’entreprises refusent un paiement différé avec un bulletin de versement ; le paiement comptant y est la norme.
Concernant les sans-dents, le système le permet ; bien des gens ont dû renoncer à voir un dentiste à cause des coûts prohibitifs – qui ne correspondent pas à la différence des salaires entre la Suisse et la France. Pour pouvoir bénéficier de quelques soins basiques pour ses dents (souvent des solutions techniques temporaires), si l’on n’a pas les moyens, ou si l’on ne veut pas se ruiner, il faut demander une aide sociale, mais tout le monde n’y a pas le droit : bien des gens sont dans le mauvais milieu, ni assez riches, ni assez misérables.
Et plus généralement, le système de santé suisse a beaucoup de similarités avec le système de santé états-unien – nous sommes à la merci de compagnies d’assurances privées que l’on est obligé de payer de surcroît.
Dans les montagnes françaises, la gendarmerie nationale secourt n’importe qui gratuitement ; l’État suisse ne prend rien en charge, il faut être donateur de la Rega – certes, c’est peu cher. Je ne sais pas si c’est plus humain… on se console avec nos petites autoroutes…
Et que dire de la protection du consommateur (p. ex. Pas de délai de rétractation dans bien des cas).
Le vrai problème en Suisse est la mentalité. Si la violence policière contre les gilets jaunes y est impensable, c’est parce que tout mouvement révolutionnaire ou pseudo-révolutionnaire y est impossible. Le germe révolutionnaire est inhibé au niveau de l’individu ; le Suisse est incapable d’un diagnostic et d’une auto-critique : tout est vendu comme de très bonne qualité, même si ce n’est pas vrai – système de santé, services, Chemins de fer, formations…
L’autosatisfaction à la suisse, j’en ai marre. C’est peut-être plus vert chez nous, mais est-ce seulement de l’herbe ?
Ici, nous n’avons pas de diagnostic ; nous ne connaissons même pas nos ennemis.