De plus en plus de sans-abri du métro parisien sont des travailleurs pauvres
18 novembre 2019 21:02, par TombsterJe me suis retrouvé dans cette situation suite à une rupture. Obligé de quitter mon appartement parce que le proprio le vendait et que je ne pouvais pas l’acheter moi-meme (un crédit de 180.000 pour un salaire de meme pas 1.300 je vous laisse imaginer la tronche de mon conseiller bancaire quand je lui en ai parlé).
Bref, je fais mes recherches mais les listes d’attente en HLM sont d’une longueur sans fin (célibataire, sans enfants et un salaire, autant dire que je ne suis absolument pas prioritaire, je dirais meme invisilble) et dans le privé, que ce soit par agence ou directement avec le proprio, quand on a mon salaire et aucune garantie, meme après des années de CDI dans la meme boite, aucun problème de payement de loyer par le passé, etc bah tout le monde s’en fout.
Donc me voila à la rue, et c’est super compliqué à tous les niveaux mais le pire c’est pour bouffer je crois. Pas moyen de faire les courses pour le mois, la semaine ou meme pour la journée. Pas de frigo pour conserver les aliments, impossible de se balader avec tout un attirail ou de laisser quoi que ce soit où que ce soit donc au final tout ça revient très cher dès qu’il s’agit du bide. Et ça c’est quand tu peux manger chaud...
Pour dormir, j’avais mon pass navigo donc je faisais des aller-retour dans les noctiliens (bus de nuit qui reprennent certaines gares SNCF) entre Paris Est et la Seine et Marne (mon lieu de travail et anciennement mon domicile). Ca fait pas plus de 3 ou 4 heures par nuit. Le tout evidemment en essayant d’être le plus discret possible... A part quelques personnes de confiance chez qui je pouvais ponctuellement me doucher ou prendre une vraie nuit de repos, personne n’était au courant de ma situation. C’était la pire des hontes pour moi...
Mais je crois que le pire, c’est tous ces gens qui me toisaient (pourtant j’étais discret, je ne faisais pas la manche, je ne demandais rien à personne, meme pas une clope quand j’en avais plus), qui pensaient que je méritais mon sort et que je ne voulais pas m’en sortir (45 ans, j’en fais un peu moins donc pour eux je ne travaillais pas et ne voulais pas travailler, donc c’était de ma faute. Ca se lisait dans leurs yeux). Les samedis/dimanches à errer sans but. Au moins la semaine y’avait le boulot pour occuper les journées mais les week ends c’était l’enfer.
Les services sociaux sont merdiques, je n’ai JAMAIS pu bénéficier d’une place où que ce soit ne serait ce qu’une nuit...