La proportion d’enseignants anti-système ne diffère pas beaucoup de celle de la population. La profession est très contrôlée, et le premier niveau est celui des élèves. Ils ne savent pas grand-chose, par définition, mais sont très tôt formatés contre la critique, qui peut facilement entrer sous les concepts de la propagande : complotisme, racisme, antisémitisme, etc. Un enfant est par essence conventionnel, et méfiant à l’égard d’un discours qui heurte ses opinions, qui sont celles de ses parents et des maîtres qu’il a eus précédemment.
Un enseignant qui veut prêcher le vrai ne peut le faire qu’avec une grande prudence. Il sèmera quelques graines, pour faire germer un esprit critique qui ne se développera que des années plus tard. On ne fait pas la révolution avec une armée de collégiens. Mao l’a peut-être refaite avec des étudiants, mais Mao était un maître de la propagande, qui n’avait que faire de la vérité. Et c’étaient des étudiants. Et ce n’étaient pas ses élèves.
Les enseignants ne méritent pas plus qu’on leur jette la pierre que votre plombier ou votre couvreur. Et ils sont beaucoup plus mal payés.