Les 1001 vies d’Alain Soral – Partie 2
26 juin 2019 23:22, par BonnesherbesLes exemples pris de sainteté, c’est-à-dire de l’exploit ascétique qui réussit à faire surgir ici bas la Jérusalem céleste ne se peuvent ériger en norme. Il est compréhensible que l’aspiration au paradis terrestre ait séduit bien des esprits. Mais puisqu’on se réfère au Père de Foucault, il serait peut-être bon de se souvenir que le chiliasme ou règne des 1000 ans est une hérésie condamnée par l’Église. Il est clair que certains voudraient que le paradis soit celui d’une Jérusalem terrestre, tandis que d’autres aspirent au passage depuis l’Église combattante vers l’Église des Élus (au ciel), c’est-à-dire à la Jérusalem Céleste. Et puisqu’on en est au référentiel chrétien, il faut bien se souvenir du problème du mal et du retrait du monde de Celui qui tient 2 Thess. (2:7). La critique faite au socialisme ne vient pas tant d’une projection d’une imperfection quelconque ou d’une incapacité à se hisser à la hauteur de la sainteté de l’idéal socialiste, mais une lucidité de l’existence du mal, et de ce que l’organisation humaine agréée par Dieu tel qu’en atteste l’Apôtre Paul dans les Épîtres (cf. supra) suppose la présence ici-bas de Celui qui tient ou retient le mal. Il s’agit bien sûr du monarque de Droit divin, ce qui nous renvoie à l’épique épopée de notre Jeanne d’Arc nationale, qui rendit à Reims un roi sacré au peuple français, montrant bien qu’il était aussi de Dieu un peuple élu. La Monarchie française a ainsi historiquement lutté longtemps avec plus ou moins de succès dans ce rôle de Celui qui tient ou retient le mal. L’examen de la constitution historique des corporations abrogées immédiatement après la révolution par la célèbre loi Isaac le Chapelier, indique bien toute la préoccupation sociale de la monarchie française. On ne saurait bien sûr trop déplorer l’échec du projet de la dîme civile du Maréchal Vauban, qui aurait levé l’exonération fiscale de la noblesse. Si la monarchie a nécessairement des préoccupations sociales, le socialisme moderne ne se conçoit malheureusement pas comme une monarchie, car il évapore le mal, il l’immatérialise, comme la démocratie immatérialise la dictature selon le mot de Toqueville. On n’a jamais vu un honorable président de notre digne république socialiste guérir les écrouelles comme Louis XIV, au sacre, et tous les ans du règne. Après deux siècles loin de Reims, il est compréhensible que l’on ne pense plus la grâce du sacre, et son rôle charismatique de lien entre chaque français et son Roi.