Je suis d’accord avec le fait de dénoncer la sur-prescription des supplémentations en calcium et vitamine D (pas anodins, augmentation du risque cardio-vasculaire notamment) et le manque de moyens mis dans la prévention des autres facteurs de risque de fracture chez le sujet âgé (chutes), mais je trouve le fait de remettre totalement en cause le fait de traiter la perte en densité minérale osseuse sous prétexte qu’il s’agit d’une conséquence naturelle du vieillissement de l’organisme pour le moins fallacieux. En effet, avec ce genre de raisonnement, on arrêterait aussi de soigner les cataractes séniles, vu qu’il est tout aussi normal que notre cristallin s’opacifie avec l’age, et on laisserait nos anciens devenir aveugles plutôt que de le leur remplacer chirurgicalement. Nous ne traiterions plus non plus l’hypertension artérielle du sujet âgé, qui constitue également une évolution normale avec le vieillissement (50% des sujets de plus de 65 ans en sont atteints, contre 2% des moins de 20 ans) et les laisserions crever d’infarctus, insuffisances cardiaques, AVC et autres joyeusetés... (il faut savoir que les antihypertenseurs sont probablement les médicaments qui ont fait le plus progresser l’espérance de vie depuis l’apparition des thiazides à la fin des années 50)
On notera également que l’argument consistant à nier l’intérêt de l’ostéodensitométrie sous prétexte que cet examen n’est pas prédictif du risque
de fracture individuel, d’autres éléments (structure de la trame osseuse, collagène...) entrant en jeu dans la solidité de l’os, est également très limite. C’est exactement le genre de raisonnements que tenaient les industriels du tabac, en effet, de même que ce n’est pas parce qu’on a une densité minérale osseuse (DMO) diminuée qu’on va se péter le col du fémur, ce n’est pas parce qu’on se grille son paquet par jour qu’on va se payer un cancer bronchique, plein d’autres facteurs interviennent, à commencer par votre prédisposition individuelle au cancer (longueur de vos télomères). L’important c’est la corrélation statistique qui existe entre diminution de la DMO et fracture comme entre tabac et cancer.
Rajoutons enfin qu’une politique de prévention des fractures du col du fémur à base de soins chez ergothérapeutes, kinés, podologues, osthéopathes et autres posturologues comme préconisée dans l’article coûterait sans doute plus cher encore à la société que les méthodes actuelles.