Étienne Chouard : "La dette est une construction politique qui sert à asservir"
18 mars 2016 11:40, par nicolasjaissonSi l’Etat est en situation d’endettement permanent, c’est d’abord et avant tout à cause des conceptions keynésiennes de nos gouvernants et hauts fonctionnaires qui pensent que croissance rime avec dépense publique. Souvenez-vous par exemple du "programme commun" de 1981, qui prétendait relancer la croissance par l’augmentation des revenus des fonctionnaires. D’où la hausse massive des dépenses publiques immédiatement sanctionnée par la chute du Franc sur les marchés, suivie d’une dévaluation.
Nos politiques sont incapables de concevoir que la monnaie doit correspondre à la richesse produite et non à la quantité de monnaie émise. C’est bien le problème des planificateurs socialistes ou néo-libéraux de marché, que de croire que la monnaie décide de tout parce qu’elle permettrait de tout contrôler et donc de circonscrire la réalité économique à des modèles économétriques basés sur les effets de l’offre monétaire en termes d’emplois, de rapport entre l’offre et la demande, d’inflation, etc. Or tous ces modèles se sont royalement cassés la figure depuis que l’endettement faramineux des gouvernement n’arrivent plus à créer de la croissance, mais au contraire conduisent à l’asphyxie économique par excès de contrôle et de centralisation.
Le problème des niches fiscales est marginal par rapport aux erreurs des monétaristes, qui constatent avec effarement que la monnaie n’a pas de valeur, si la création de richesse réelle tend à disparaître. Et c’est bien ce qui se produit aujourd’hui avec le siphonnage de la monnaie par le capital financier alimentant des déficits publics gigantesques. On arrive même à des taux d’intérêts négatifs du fait que le risque crédit est devenu tellement important dans l’économie réelle que les investisseurs doivent payer pour placer leur argent en bons du Trésor, alors même que les Etats sont en faillite, si n’est virtuellement au moins réellement.
L’échec des monétaristes est donc aussi celui des planificateurs qui ont cru pouvoir créer le meilleur des mondes, "à chacun selon ses besoins" selon la vulgate marxiste, en contrôlant tous les flux monétaires, alors qu’ils ont créé le monstre de la finance de marché, tout en zombifiant la société civile.