Bah voyons la lutte des classes à la rescousse du terrorisme : de pauvres basanés victimes de tout, purs objets poussés par des déterminismes extérieurs, qui s’en prennent logiquement à des petits bobos bien lotis du centre-ville... c’est simple, binaire, carré. La religion ? A évacuer, c’est un simple habillage de la "misère" (je remarque que bon nombre de ces "djihadistes" avaient un travail et si ce n’est pas le cas, ça ne les empêche pas de voyager et de se déplacer sans inquiétude, en touchant parfois les aides sociales... on est loin des ch’tis et de Germinal, hein...)
Je crois que les cibles choisies doivent moins à d’improbables déterminismes ethnico-sociaux qu’à une volonté stratégique de frapper ceux-là même qui incarnent le cosmopolitisme branché, l’amour revendiqué de "l’autre", de "l’étranger", et une certaine tolérance envers l’islam culturel.
Je rejoins aussi le commentaire plus bas qui pointe la "stigmatisation" abrutissante des Parisiens à travers cette étiquette du "bobo" qui ne veut strictement rien dire. Il y a aussi des "bobos" issus de milieux modestes qui ont simplement réussi à obtenir un bon poste, est-ce qu’ils doivent se forcer à vivre en banlieue pour ne pas attiser la rancœur de ceux qui n’ont pas eu leur chance ou parfois leur courage ? L’est parisien, ce n’est pas non plus la Californie, il y a quelques quartiers gentrifiés mais aussi quelques endroits assez moches d’ailleurs où étudiants, immigrés et jeunes salariés (qui gagnent parfois 1000 euros mais vivent en collocs, etc.) se côtoient dans une ambiance relativement populaire. Il y avait aussi des serveurs et des employés parmi les victimes, tous n’étaient pas des web designers, des cadres de la nouvelle économie ou des agents de com’ rompus au cynisme social car méprisant de tout leur être les provinciaux au chômage ou les racailles de banlieue.
En outre, il y a plein de "bobos" de droite BCBG qui aiment parler écologie et s’encanailler culturellement, sans parler de tous les "bobos" de province qui sont dans l’imitation, pour ne pas dire la singerie, du comportement réel ou supposé des bobos parisiens (je lis les inrocks, je vais bosser en vélo, je suis in...).
Toutes ces réductions dialectiques contribuent à diviser la population en désignant des boucs émissaires objectifs ou symboliques aux uns et aux autres.