Le jeûne, une démarche d’humilité et d’ouverture
31 juillet 2015 10:24, par Philippe de MacédoineJe suis toujours circonspect quand des gens viennent me donner des leçons sur ce que j’ai dans mon assiette... et quand je dis "je" j’entends "ma civilisation".
Sans doute que nous avons une tradition hypercalorique en France et, plus généralement, dans la civilisation blanche. C’est un fait, nous mangeons plus de viande, plus souvent que les autres civilisations, nous vidons les mers de son poisson etc etc...
Mais j’ai du mal à trouver réponse aux paradoxes de notre monde qui sont que :
nous avons toujours eu une des plus fortes espérances de vie ;
à cause ou grâce à notre "société de l’avoir" qui est millénaire et fondatrice, n’en déplaise à M. Cousin, nous avons été le creuset du développement technologique le plus durable et le plus intense car en conflit permanent pour un morceau de terre plus ou moins fertile ;
de fait, nous avons latté presque toutes les civilisations de la planète aussi bien à la guerre qu’au football ;
en général, l’homme blanc du nord (le plus gavé aux viandes et aux poissons gras) est un golgoth de près de 2 m de haut et jouant avec les quintaux et que rares sont les populations qui peuvent lui disputer sa supériorité physique (notez que je suis un avorton personnellement) ;
la seule population qui nous a massacré, ce sont les mongols... Des mangeurs de viande invétérés...
Alors je veux bien entendre ces doux messages sur le jeûne, l’orthorexie, les acides qui me dévorent... Mais vous ne faîtes pas une civilisation en vous retrouvant à table à boire du jus de céleri aux pistaches et en vous comptant les côtes... en tous cas moins qu’en sacrifiant des moutons ou des dindes et en riant avec Tonton Nestor qui a le coude meurtri d’avoir été trop levé ou Tata Germaine qui entame sa deuxième douzaine d’huitres.
J’aimerais dire aussi que la civilisation chrétienne qui jeûne, qui fait des Saints avec des Stylites, ce n’est pas la mienne. Ma civilisation est un mélange entre le banquet celte et une vision de la chrétienté qui répète tout le temps un gueuleton...
La subversion par le jeûne... si ça vous tente, allez-y, pourquoi pas... Je la préfère par le gueuleton, de Pétrone à Blondin en passant par Rabelais, Villon ou Vallès ; il y a une subversion qui mange et qui croque les cuissots avec ardeur et violence.