Il y a 700 ans, Louis X abolissait le servage
3 juillet 2015 18:38, par anonymeEn 1802, la paix revenue, précaire, Bonaparte souhaita renforcer l’économie. Saint-Domingue jouait un rôle important (75% de la production de sucre mondiale), et, face à des rivaux pratiquant tous l’esclavage, sur les conseils de ses ministres (Cambacérès) il décida de revenir à la situation antérieure, informellement (au Sénat : « À Saint-Domingue et à la Guadeloupe, il n’y a plus d’esclaves, tout y est libre et tout y restera libre. À la Martinique, ce seront des principes différents : la Martinique a conservé l’esclavage et l’esclavage y sera conservé. »), par le recours à des corvées qui rétablirent l’esclavage. Ce fut, à tous points de vue, l’une des erreurs de son règne. La bonne solution eût consisté à faire du sucre avec de la betterave, ce qu’il fera, mais en 1802 on le sait moins qu’en 2015.
La Convention montagnarde, abolitionniste, avait fait semblant d’octroyer une liberté gagnée au prix du sang par les esclaves ; Bonaparte, issu des partisans de Robespierre, fit semblant de ne pas rétablir l’esclavage, malgré que personne n’ignorât la réalité. Le succès de la révolte des esclaves avait pris de court même les abolitionnistes, dépassés. Ses conséquences économiques brutales en pleine guerre amenèrent le régime, dès qu’il le put, à imiter ce que tous les autres faisaient : recourir à l’esclavage.
Lire, de MM. Pierre Branda et Thierry Lentz, Napoléon, l’esclavage et les colonies, Fayard, Paris, 2012.