La cause "oubliée" de la République
20 avril 2015 21:05, par LALPour aider à mieux comprendre, un extrait de l’ "Histoire du citoyen" de l’historien Jean de Viguerie :
"Le Ralliement a des adversaires de qualité. Ceux-ci plaident contre le Ralliement, mais leur plaidoirie est incomplète. Les deux opposants principaux sont Mgr Freppel, évêque d’Angers et député, et le sénateur Keller. Mgr Freppel publie deux articles dans le journal L’Anjou, les 17, 18 et 20 novembre 1890, un peu plus d’un mois après le « toast » d’Alger. Il se montre virulent ; le cardinal Lavigerie n’est pas ménagé. Il dénonce « un régime impie et gouverné par la franc-maçonnerie », et une République « athée » à laquelle il veut substituer une monarchie chrétienne. Mais il oublie de dire que la République en France n’est pas une forme de gouvernement comme les autres, mais une idéologie qui prend le nom d’une forme de gouvernement. Elle n’est pas une république athée, mais l’athéisme même portant le nom de république. La réponse du sénateur Keller au cardinal est marquée du même défaut. Il écrit au cardinal que les « catholiques zélés n’ont pas foi dans la forme républicaine, qu’ils la considèrent comme identifiée avec la haine de l’Église ». Or, la République n’est pas identifiée avec la haine de l’Église. Sa nature même n’est pas celle d’une forme de gouvernement. Sa nature est la haine de l’Église.
Car la République, c’est la Révolution, et la Révolution, c’est avant tout l’antichristianisme. Or, cela aussi semble oublié de tous, aussi bien du pape Léon XIII et du cardinal Lavigerie que de leurs contradicteurs. Personne, dans cette controverse du Ralliement, ne semble savoir que la Révolution de 1789 a voulu effacer le christianisme et que le ralliement des catholiques à la République équivaut à une adhésion à l’antichristianisme. Ni le pape, ni le cardinal Lavigerie, ni même leurs contradicteurs opposés au ralliement ne semblent se douter de la nature véritable de la République."