Sur le désir mimétique :
Pour simplifier, je dirais que Girard qui a vu sa formation intellectuelle se dérouler dans les années 30 et 40 répond en quelque sorte aux matérialistes de son époque, qui réduisaient tout à "la matérialité des faits", comme l’aurait dit un juge d’instruction. Pour ce faire, il a mis en avant le caractère transcendant du désir, qui préexiste à son objet. Il s’agit là d’une révolution copernicienne, où de fait le désir se retrouve "ailleurs" que dans la conception de l’homme d’alors, et pourrait on dire ailleurs même que dans l’homme. Révolution copernicienne car ce n’est plus l’homme qui crée le désir mais bien l’inverse. Il a donc pu le voir comme une réminiscence de la création de l’humain, exposé comme un vestige mais invisible à nos yeux.
A mon avis, on fait un contre-sens quand on réduit Girard à sa théorie du désir mimétique stricto sensu. Sa vision est bien plus profonde et bouleversante que cela.