Asselineau aurait dû s’épargner la rédaction d’une note de service aussi longue pour débarquer son lieutenant. Habitude de chef de service plus que de chef politique. On comprend que l’élimination du trublion fût nécessaire en terme d’image. Que le président de l’UPR pointe simplement un manque de sérieux de son « délégué au militantisme » et n’assomme pas le public d’une profession de foi mâtinée d’herméneutique de l’ananas.
Certes il recherche l’ethos du responsable qui motive ses décisions, à l’opposé de celui du chef de parti qui confisque l’appareil. Intention louable en soi. Comprenez : ici pas de népotisme contrairement à là. Mais d’une part il montre du même coup et qu’il ne sait pas s’entourer, et qu’il ne sait pas ordonner. Voire qu’on l’abuse avec facilité. D’autre part il admet tout le substrat idéologique de lobbys, obsédés par la génétique et la transmission héréditaire de qualités pourtant intangibles et individuelles (victime, coupable), qui contribuent à saper l’unité de la Nation en détruisant la concorde entre citoyens par la division du peuple en sections. La novlangue préfère « communautés ». It sounds so better. Certains d’entre eux promeuvent même avec énergie les intérêts d’une puissance étrangère et affirment, implicitement, l’existence d’un peuple par le sang, distinct du peuple français. Subversion de nos principes.
Puisque François est féru d’histoire, de toute évidence cultivé et gaulliste, il ferait bien de se souvenir qu’après l’épuration et le Rendez-vous allemand d’Eluard, il est plus que temps de laisser partir les morts. Les hommes sont ainsi faits qu’on ne peut leur imposer un « devoir de mémoire » car tout commence par les droits. Dont celui parfois, pas même de pardonner — qui pue toujours un peu la rancœur inquisitoriale lorsqu’il implique la demande ; l’exercice d’un chantage intéressé par de vagues descendants replets, poussant la jérémiade et vous tirant la manche, on ne sait plus trop pourquoi ; la morale rance d’esclaves et non d’homme libres — mais juste d’oublier. Après tout, comme s’en amusaient les surréalistes, « Martyr, c’est pourrir un peu ».
Souhaitons quand même au voisin Asselineau le succès dans son projet de nous sortir de l’Union Européenne. Il serait malavisé de ne pas reconnaître la qualité de son travail en ce sens.