On n’arrive à rien si on cherche à donner raison ou tort à des peuples entiers. Dans chaque peuple, il y a de braves types et des crapules, en proportions comparables.
On n’arrive à rien non plus si on parle de la colonisation comme d’un phénomène simple et entier. Il faut au moins la diviser en deux phénomènes :
la conquête, avec ses aspects militaires (odieux) et ses aspects de substitution des élites et donc des valeurs. Ce phénomène est uniquement destructeur : il déracine colons et colonisés. Il n’apporte rien de positif.
la stabilité impériale : une fois la conquête faite, une certaine stabilité peut s’établir. Les colonisés peuvent recoller les morceaux, tandis que la plupart des colons se sentent pousser des racines. C’est là que peuvent apparaître certains aspects "positifs", comme des transferts de technologie ou des régénérations culturelles.
Si on distingue les deux, on comprend pourquoi rien ne justifie en soi la colonisation comme conquête, et pourquoi malgré tout l’indépendance a pu être perçue par beaucoup comme une catastrophe, un déracinement de plus.
Quand la deuxième phase, celle de la stabilité, dure et se nourrit de vie et d’esprit, on ne parle plus de colonisation, mais d’un seul peuple aux origines multiples. La France n’est rien d’autre qu’un empire qui par la grâce de Dieu s’est sublimée en Nation. Le catholicisme y a été pour beaucoup, ainsi que la permanence de traditions populaires saines et la relative qualité morale du personnel politique (rois et révolutionnaires confondus).
Certains ici pensent que l’Algérie aurait pu devenir la Savoie, et y aurait gagné. D’autres se félicitent de son indépendance. Les deux ont tort et raison. Ce qui compte, c’est la stabilité et l’enracinement.
Quand on parle de colonisation, la thématique de l’immigration n’est jamais loin. Je crois que la même analyse s’applique aux deux phénomènes. L’immigration de masse est en soi un problème et un facteur de déracinement. Mais la présence stable de Français issus de l’immigration peut donner beaucoup de fruits positifs. En tant que Français "indigène" musulman, je ne peux que me féliciter de ce "transfert de technologie" réussi qu’a été ma conversion à l’Islam, et qui a tenu largement à la présence de maghrébins sur le sol national !
Je me répète : ce qui compte, c’est la stabilité et l’enracinement. Lisez Simone Weil !