Je trouve qu’il jette un peu le rap avec l’eau du bain...
Par exemple, je ne vois vraiment pas quel crime a commis NTM. Au delà des frasques personnelles de Joeystarr, ce groupe a fait des morceaux intéressants, qui s’inscrivaient dans un contexte, une époque. Il n’y a pas de communautarisme, de racisme, dans la discographie de NTM... Des maladresses, oui, de la naïveté, sans doute. Mais je ne vois aucun cynisme, aucun calcul, dans la carrière de ce groupe. Quand NTM sort son 1er album en 1990, le rap n’existe pas en France, il n’existe pas médiatiquement, commercialement. Impossible de reprocher à NTM d’avoir fait preuve d’opportunisme. Ils ont été dépassé par l’image qu’ils ont véhiculée, car, tout simplement, c’est à eux qu’on a fait porter le poids d’incarner symboliquement les "jeunes de banlieue", parce que cet aspect de la société française n’était pas du tout incarné médiatiquement avant. Mais je ne crois pas qu’ils ont anticipé, calculé, prémédité cela. Certes, ils ont été instrumentalisés, aussi bien par la gauche, par la droite, et aussi par le FN. Mais c’est inéluctable : Quand tu émerges, quand tu incarnes quelque chose, tu es récupéré, tu es instrumentalisé, tu deviens un enjeu politique qui te dépasses. Ca arrive aux artistes, aux sportifs, en fonction de ce que tu représentes. Les "jeunes de banlieue" se sont mis à exister réellement dans l’inconscient collectif français par le biais du rap et du sport. Bien sûr qu’il faut dépasser ça aujourd’hui, ne pas être dupe des manipulations, des instrumentalisations, du business que ça engendre. Mais est-ce qu’il ne fallait pas en passer par là ? On peut inventer le futur, prendre des leçons de ce qui s’est passé, sans forcément tout renier. Personnellement, je ne renierai jamais le plaisir que j’ai eu à écouter NTM quand j’avais 15 ou 16 ans, et les bons souvenirs qui s’y rattachent...