Je connais un jeune teufeur, extrêmement intelligent. Lui et toute la bande avec laquelle il traîne sont des révoltés, si l’on peut dire. Ils rêvent du grand soir où le pays flambera et où tout sera détruit, églises et monuments compris, afin de reconstruire une société saine. Ils n’hésitent déjà pas à se frotter aux forces de l’ordre lors des manifestations ou lorsqu’ils se font déloger des endroits où ils s’installent.
Le problème, c’est qu’ils ne savent pas faire grand-chose de leurs mains, alors pour la reconstruction, ça risquera de branler sur les fondations. Du reste, si on leur demande quel modèle de société reconstruire derrière, ils n’en savent pas grand-chose. « Détruire d’abord, ensuite on réfléchira » est un peu la devise. Énième problème, comme beaucoup ne travaillent pas, il y a quelques aides sociales grattées çà et là. Pour des antisystèmes, ça la fout plutôt mal.
Beaucoup de ces jeunes ne voient aucun avenir et sont profondément tristes, d’où cette volonté de faire la révolution. Pourquoi ? Parce que casser, c’est toujours faire quelque chose, passer le temps, échapper à l’ennui et oublier la laideur du monde.
Ils ont l’énergie de la jeunesse, et ils mériteraient mieux ; dans une société en pleine déliquescence, dans laquelle sont martelés à longueur de journée la guerre, le réchauffement climatique et le chômage de masse, la danse devant les enceintes leur permet au moins d’échapper un moment à toute cette merde. Je précise que mon jeune teufeur parlait uniquement de danse, pas de substances...