« Les mille terreurs des lois »
5 août 20:44, par LATOURMerci à LG de s’intéresser à ce sujet et merci à ER de le laisser s’exprimer.
Quelques remarques :
je regrette que les auteurs des commentaires semblent occulter les historiens (outre ceux cités par LG, Pierre Chuvin, Polymnia Athanassiasdi, Jean Vertemont, Louis Rougier, Marcel Sachot, Marcel Conche, Pierre Hadot, Reynal Sorel, Walter F Otto…) qui travaillent ou ont travaillé sur cette période et sur l’esprit du « paganisme ». On s’aperçoit alors que cela s’est passé dans la douleur, le conflit, la violence physique, verbale et intellectuelle, la destruction des sanctuaires… et que les chrétiens ne furent pas tendres avec les « païens » (je connais par exemple la Touraine, St Martin, contrairement à l’image véhiculée, ne fut pas un exemple de tolérance et de non-violence dans la région…). On peut parler de martyrologue païen.
Ensuite s’intéresser à cette période c’est également tenter de comprendre ces vues du monde dites « païennes » (païens = pagani = « gens de l’endroit » par opposition aux chrétiens ces alieni,« gens d’ailleurs »). Savoir que le terme latin religio provient de religere (le terme religio se traduisant en fait par scrupule/temps de recueillement/temps de réflexion/recollecter…), ce qui n’a donc aucun lien avec la conception chrétienne de la religion qui par un tour de passe-passe dû à Tertullien (premier auteur chrétien à écrire en latin) en 197 a donné un sens nouveau et sans rapport avec son éthymologie à religio en le reliant à religare (qui se traduit effectivement par lier), se substituant à la religio romana (respect scrupuleux envers l’institué, respect des institutions, attachement). Donc en s’inscrivant dans la catégorie du religio, le christianisme l’a transformé pour lui donner la structure et le contenu de ce que, désormais, nous entendons par « religion » ie un système de pensée. La religion chrétienne devenant ainsi le paradigme universel de toute forme de religion. Ainsi en est-il pour ekklesia, hairesis, superstitio, philosophie (alors que les grecs n’avaient aucun terme, aucune notion désignant les faits d’ordre religieux et que la philosophie est une longue et patiente quête personnelle, fruit d’une interrogation…, donc évoquer une philosophie chrétienne ???) … autant de termes qui au départ n’étaient pas prédestinés à se rencontrer dans le même champ sémantique